mardi 19 février 2008

L’arlésienne du pouvoir d’achat

 

A en croire l’INSEE et les édiles qui nous dirigent, les français auraient vu leur pouvoir d’achat s’accroitre sans interruption depuis plus de dix ans sur la base d’un rythme moyen de 1,9 %par an .

On aurait même atteint un sommet d’amélioration de notre confort matériel avec une hausse de 3,3%- en 2007!

Pour certains experts le niveau de vie des français dépasserait même aujourd’hui celui des allemands ,ce qui peut paraître d'autant plus singulier que le  coût d'un caddie de supermarché serait Outre Rhin de prés de 30 %inférieur à celui pratiqué en France.

Tel n’est pas le sentiment des français qui se voient confrontés à la valse des étiquettes, à la stagnation des rémunérations et aux pratiques d’un gouvernement expert en expédients pour piocher sans réelle logique de redistribution sociale dans la poche des uns( bailleurs retraités,.). ce qu’il offre chichement aux autres(locataires, petite pensions…) ,mais impuissant à mettre en oeuvre des solutions pérennes et efficaces .

Tel n’est pas non plus leur sentiment à l'écoute de la ritournelle du "il ne peut y avoir de croissance du pouvoir d’achat sans contreparties de productivité et d’emploi "et de celle du « les caisses sont vides », alors que 14 milliards ont été généreusement, gratis pro deo, et sans coup férir distribués aux plus nantis de notre pays.

Tel n’est encore pas leur sentiment lorsqu’ils constatent que les principaux dirigeants des entreprises françaises ont pris les devants sur l’augmentation des prix et se sont accordés en 2007 des rémunérations en hausse de près de 40 % .

Immédiatement accompagnés par un président de la République qui n’a pas fait dans la dentelle pour satisfaire ses besoins !

Cette attitude leur rappelle  une fois de plus que de longue date désormais en France la part que le capital consent aux salaires dans la redistribution des profits ne cesse de reculer.

Ils ont aussi entendu le Président de la REPUBLIQUE, qui s’annonçait hier comme «le président du  pouvoir d’achat», le conditionner à un hypothétique «  travailler plus pour gagner plus . », leur répondre que « les français n’attendent pas que je distribue des cadeaux de père NOEL », et les tancer au motif que « pour donner le pouvoir d’achat, il faut réhabiliter le travail ".

Trop, c’est trop,  et les français mécontents et inquiets le font savoir sous des formes diverses .

Le 6 février la ministre de l’économie a pris connaissance du rapport de la commission « mesure du pouvoir d’achat des ménages » créée pour phosphorer sur l’élaboration de nouveaux « indicateurs de pouvoir d’achat permettant de mieux rendre compte de l’évolution des niveaux de vie et des modes de consommations ».

Par « unité de consommation", la progression du pouvoir d' achat ne serait selon elle que de 1,4% en 2006, alors que selon l' indicateur INSEE (pouvoir d' achat "par tête"), le pouvoir d' achat de l' ensemble des ménages aurait progressé de 2,3% dans le même temps .

Le rapport fait également la part des "dépenses contraintes" par rapport au "revenu libéré", "reçu dans le porte-monnaie"

Il pointe la sous-estimation des dépenses de coût de logement(location et emprunts) et des dépenses d’énergie ,de chauffage et de biens durables.

Le rapport souligne aussi que la part des dépenses « pré-engagées » des ménages a fortement augmenté sur longue période, passant de 13,4 % en 1959 à 29,0 % en 2006, cette hausse étant essentiellement liée à l’accroissement du poids des dépenses de logement, passé quant à lui de 9% à 21% dans la même période !

Alors que l’inflation s’est accentuée en décembre pour atteindre un taux de 2,6%(le plus fort depuis 1992),et que le poids de la fiscalité ne semblent pas appelé à s’alléger, c’est la confirmation, si besoin en était après les déclarations des principaux candidats lors de la campagne présidentielle, de l’archaisme de l’indice INSEE.

Il reste que chiffrée à 1,4 % pour 2006 et annoncée à plus de 1% pour 2007 (2,8% pour l’INSEE) la hausse du pouvoir d’achat moyenne est sans rapport avec ce que les collègues retraités et salariés constatent et que confirment d'aileurs de nouveaux éclairages.

Il apparaît en effet que la croissance du pouvoir d’achat l'INSEE est principalement le fait de la croissance du revenu des entrepreneurs individuels et que les salariés (50%de la population) et les retraités(25%)dont le revenu se compose à 80% de leurs retraites ont en fait, subi depuis une génération une quasi stagnation de leur pouvoir d' achat avec une croissance de 1% par an pour les uns, moins de 1% pour les autres .

Déduction faite de l’inflation,et hors évolution de la fiscalité, les pensions des retraités n’ont augmenté que de 0,2% en 2004; 0,4’% en 2005; 0% en 2006.

Améliorer le pouvoir d’achat des salariés et des retraités exigerait donc une croissance directe des salaires et des pensions, accompagné d’une réduction de la fiscalité à laquelle ils sont soumis.

Le gouvernement « du pouvoir d’achat »tourne délibérément le dos à de telles orientations

La décision de limiter à 1,1% l’augmentation des pensions, en l’amputant de 0 ,5% récupéré sur la revalorisation de l’année précédente, réduit à 0%,hors fiscalité, la croissance brute du pouvoir d’achat des retraités pour 2OO7 ;

Elle l’annonce en forte récession pour 2008 compte tenu de l’inflation annoncée.(1,7% officiellement et contre toutes les affirmations des experts)

Elle s’inscrit en outre en violation de la garantie légale du pouvoir d’achat des retraites.

C’est inacceptable.

Comme l’est pour nos camarades actifs le refus de majorer au delà de 0,8% la valeur du point ,base commune des traitements de la fonction publique.

Dans un débat qui s’annonce de plus en plus inintelligible , salariés et retraités ont sans doute intérêt à ne pas perdre de vue que leur pouvoir d’achat se mesure d’abord et pour l’essentiel à l’aune de leur bulletin de salaire ou de pension.

 

AGAMEMNON