mardi 26 février 2008

"Rénovation de la formation professionnelle" : Le SNETAA écrit sa une de presse pour consacrer son aggiornamento

 

Rénovation de la formation professionnelle proclament le ministre de l’éducation, ses fonctionnaires et ses zélés serviteurs

Rénovation de la formation professionnelle lui fait écho avec dithyrambe et emphase la une du dernier Apprentissage Public ,revue nationale du principal syndicat de l’enseignement professionnel :le SNETAA.

Une telle chorégraphie qui emprunte beaucoup à la signature par le SNETAA du protocole Ministériel sur les Bacs pro en 3 ans et confine à la surenchère de boudoir, est pour le moins inopportune pour le syndicalisme autonome, à défaut d’apparaître fâcheuse aux yeux de certains de ses responsables.

Que sont devenus ces édiles syndicaux, d’une organisation qui ,par sa volonté désintéressée de défendre la spécificité de l’enseignement professionnel appelait le respect syndical de ses partenaires, amis ou adversaires, syndicalistes ou responsables publics. ?

La question peut être légitimement posée ,au vu et au perçu, des lourds enjeux de la « réforme des Bacs Pros »

Quels que soient ses objectifs et la présentation alléchante qu’il peut en faire, le ministre au moins un bon point à son actif :

il a su habilement choisir une présentation conceptuelle de  la «  rénovation »qui ne jette pas par principe un anathème outrancier sur ce qui la précède.

Pour convaincre il ne pouvait  guère la couvrir des paillettes mystifiantes d’une modernisation qui construirait  l’opprobe et nourrirait l’offense au nom de l’archaîsme .

Le ministre est dans son rôle;

La une du SNETAA qui singe le message ministériel et révele son aggiornamento syndical  est ,elle,incongrue en ce qu' elle concerne, , une construction bardée d’éloges, qui n’aurait jamais existé sans la contribution de réflexion et d’analyse du SNETAA, sans son soutien actif et agissant dans les établissements !

Pauvres Bac Pro en 4Ans que les nouveaux parangons de la direction syndicale du SNETAA foulent aux pieds avec un énergie qui n’a d’égale que la pâleur de leur bilan actuel.

Au profit d’un type de choix combattu ,alors et jusqu' à présent , avec la plus grande énergie par le SNETAA.

D'un choix que n’auraient désavoué en 1965 ni le ministre d’alors Mr CHEVE NEMENT ni les puissants charpentiers du lycée unique du SNES et SNETP-CGT!

Ne me parlez pas de ce temps…..ou nous étions en culotte courtes professionnelles ou syndicales!

Le temps n’est plus....

Le temps n’est plus ...aux idéaux d’une démocratisation à laquelle la spécificité de la formation professionnelle initiale publique offrait des lettres de noblesse en forçant au profit de nombre de démunis de la culture , de l’argent ou de l’origine ethnique les portes de l’ascenseur social.

Chacun voit bien que le Bac Pro 3 redonnera des lettres de noblesses à la prédétermination sociale,si ce n’est pour les jeunes à sa dichotomie .

Pour les uns la voie d’une option de BAC d’un lycée qui aspire tout à la fois à retrouver des lettres de noblesses napoléoniennes et à renforcer son ancrage sur l’université par une  mission accrue  de "canalisation" vers cette dernière.

De l’autre un CAP, promu à nouveau fleuron de la professionnalisation, sous réserve de se soumettre à une démarche d’initiation compagnone dévolue plus que jamais à l’apprentissage et à l’alternance .

Dans l’attente que le Bac Pro3 ans ,désormais largement ouvert à sa préparation en CFA, puisse à son tour passer sous la coupe d'un contrôle total par les milieux économiques de ses enjeux de formation,de préparation  et de qualification .

Il y a un peu plus de  dix ans le CNPF dénonçait dans un livre blanc l’erreur qu’il avait commise en laissant après la guerre le service public assumer  la préparation, le développement et le contrôle de la formation professionnelle initiale

Le gouvernement lui offre aujourd’hui sur un plateau de Roses Blanches ,avec un soutien financier croissant de l'Etat,  la possibilité de bâtir sa stratégie de retour.

Parce qu’enfin, qui a demandé le BAC PRO en TROIS ans accessible sans BEP ou CAP et susceptible d’être inventorié en convention collective demain comme un simple diplôme de première qualification et de première insertion?

Qui? Si ce n' est la force de frappe du CNPF: L' UIMM ?

Force est donc de constater qu’il ne s’agissait donc pas pour un SNETAA à priori pas atteint de cécité, de « signer le protocole pour voir », sachant que sans paraphe un syndicat est exclu de son suivi .

Peut-on croire qu'il s' agissait simplement, et à coût élevé , de  se prémunir contre les risques d’une marginalisation qui est de toute façon celle à laquelle il est condamné aujourd’hui.

Tenu à distance par ceux auxquels il s’est rallié à contre nature syndicale et qui se seraient sans doute bien passé de sa présence, à l' excès voyante à leurs cotés ;

Incapable de prendre langue avec l’intersyndicale du désaveu, ce qui appellerait la reconnaissance de son erreur pour échapper au statut de paria du syndicalisme qu’elle lui bâtit .

Dur, dur de ne pas savoir aujourd’hui sur quel siège on est assis !

Le choix du SNETAA ne se nourrit en outre pas ,comme d’aucuns l’ont prétendu sous cape d’une philippique contre le passé   pétrie d’irresponsabilité ,d’inconsistance ou d’ambition,d’un quelconque responsable, mais bien d’une harangue collective et volontaire d’une direction, hantée par l’idée ou l’espoir d’un révisionnisme syndical qui marquerait l’histoire et grandirait ses auteurs .

A grands frais, de surcroît, pour un BEP démantelé par concomitance ,désossé au point d ’être réduit à une simple certification en forme de peau d’âne, partiellement, mais que très partiellement, remplacée par des CAP forgés aux « vertus »de l’alternance et de l’apprentissage ,fussent-ils publics, et bradés à vil prix pour la laïcité du système éducatif .

Mais qu’importent ces analyses puisées à une culture de la nuit des temps syndicale et à ses fleurons de pensée, les dirigeants du SNETAA estiment tenir leur heure de gloire, celle qui assurera leur pérennité, et se pensent en visionnaires de la modernisation !

Quitte à flagorner en accompagnant, voire en devançant, la politique d’un ministre bercé par les audits de MODERNISATION de la LOLFT et mandaté pour tailler massivement dans les emplois de l’Education ;

Mais pour quels intérêts et pour le compte de qui ?

 

Bernard PABOT

Ancien secrétaire général de 1992 à 2004

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