samedi 15 novembre 2008

Pouvoir pédagogique et autorité sur les enseignants pour les chefs d'établissements.....

AMELIORER LA DIRECTION DES
ETABLISSEMENTS SCOLAIRES

http://www.oecd.org/dataoecd/63/53/39487500.pdf

Lire notamment en page 77 la recommandation qui vise à donner aux chefs d'établissement le pouvoir pédagogique abandonné aux en seignants par des inspecteurs lointains et à éclipse;

on trouvera ci dessous un extrait d'une étude du rapport publiée par le Café Pédagogique:

 

"Les trois quarts du rapport s'attachent à décrire, de façon remarquable, l'histoire de ces fonctions aussi bien au primaire qu'au secondaire. Le dernier quart, qui concerne la crise actuelle des directions et propose des recommandations, suscitera sans doute quelques agacements.

D'abord dans le constat des difficultés actuelles. J.-P. Obin dresse le constat d'une crise de civilisation : les jeunes ne considèrent plus le travail comme une "identité positive", on observe " plus en plus souvent dans beaucoup d’établissements une « ethnicisation » de la vie scolaire, un surgissement chez certains adolescents d’identités de substitution, infra-politiques et régressives, et « bricolées » à partir d’éléments disparates comme le lieu d’habitation, une mode musicale ou vestimentaire, l’origine nationale ou ethnique, la couleur de la peau, la religion, etc", cela sous la pression de la mondialisation et de l'Europe… Pire encore, le rapporteur souligne "la crise de l'autorité " : "la permissivité et le libéralisme éducatifs, la dé-légitimation de toute forme de contrainte sur les enfants, la définition de « droits de l’enfant » dont certains ont davantage pour but de l’émanciper des adultes que de le protéger, ont semé le doute et le désarroi chez nombre de parents et d’éducateurs. L’idéologie antiautoritaire qui, des années soixante aux années quatre-vingts, a régné en maître sur la pédagogie universitaire comme sur la psychologie pratique à l’usage des parents, a eu pour conséquence l’absence de transmission des règles, des repères et des valeurs entre deux générations". Internet est venu aggraver, aux yeux de J.P. Obin, cette crise de l'effort.

On ne sera donc pas surpris que la conclusion du rapport recommande de renforcer l'autorité des chefs d'établissement et des directeurs. L'efficacité pédagogique de ce renforcement n'est pas mise en doute par l'auteur. Pour l'assurer il préconise trois mesures :

"- L’évaluation des dirigeants eux-mêmes, avec ses conséquences sur leurs carrières, pourrait être davantage centrée sur les résultats éducatifs et cognitifs des élèves que sur les modes de gestion des moyens.

- Leurs référentiels de métier et leur formation pourraient être recentrés sur leur responsabilité pédagogique et éducative, et les tâches de gestion logistique et financière déléguées à des collaborateurs spécialisés.

- L’évaluation des enseignants pourrait être réformée, en remplaçant le dispositif formel de notation par une véritable évaluation qualitative débouchant sur des conseils, de l’aide et de la formation, à partir d’une pluralité de regards, dont celui du dirigeant local". Cela implique, dans le primaire, de venir à bout de résistances syndicales qui sont présentées comme contradictoires avec les vœux des directeurs…"

Agamemnon

une réponse argumentée est apportée par le texte ci dessous, publié par extrait, dont on trouvera l'intégralité, fort intéressante sur le site du café pédagogique:

"Aucune étude internationale n’a pour le moment montré une corrélation entre pouvoir des directeurs d’établissement et efficacité pédagogique" – Yves Dutercq

Par François Jarraud

Chercheur au Centre de recherche en éducation de Nantes, Yves Dutrecq est un bon connaisseur du fonctionnement des établissements. Nous lui avons demandé son sentiment sur la gouvernance des établissements et leur autonomie.

L'OCDE prône le renforcement du rôle des directions en leur accordant davantage de pouvoirs (recruter les professeurs, les évaluer, pouvoirs financiers, curricula) et de moyens (définir des outils d'évaluation, mise en réseau). Pour l'OCDE "l'effet direction" est un élément clé de l'efficacité d'un système éducatif. Mais en même temps l'organisation le définit comme "un processus d'influence". Peut-on vraiment établir l'efficacité de "l'effet direction" ?

Pour répondre convenablement à vos questions, il faut faire la part entre les différentes préconisations de l’OCDE, dont certaines sont déjà en œuvre en France depuis la généralisation du projet d’établissement : ainsi, les outils du type tableau de bord de l’établissement ou IPES sont destinés en premier lieu à servir l’auto-évaluation. Plus récemment, la lettre de mission ou l’obligation pour les chefs d’établissement nouvellement affectés d’établir un diagnostic de leur établissement vont dans le sens de la responsabilisation et de l’évolution de la fonction vers un rôle de leader ou de manager dont la carrière dépend des résultats obtenus. De la même manière, la participation à l’évaluation des enseignants est devenue bien plus significative et la démarche de coévaluation avec l’inspection pédagogique est couramment pratiquée.

Cet ensemble de mesures répondait au souhait d’un grand nombre de chefs d’établissement qui regrettaient d’une part de ne pas disposer de suffisamment de pouvoir à l’interne pour mettre en œuvre des projets et d’autre part de manquer de perspectives de carrière. En revanche, le recrutement des professeurs ou la définition du curriculum n’ont jamais été revendiquées par les chefs d’établissement français. Bien plus, il n’y a guère de pays où cela se pratique : dans les systèmes ou l’autonomie des établissements est le plus développée, ce sont des conseils où siègent des représentants des différents composantes (et notamment les parents) qui recrutent les enseignants.

Enfin, à ma connaissance, aucune étude internationale n’a pour le moment montré une corrélation entre pouvoir des directeurs d’établissement et efficacité pédagogique. Ce sont plutôt des supputations déjà anciennes. Ce qui est davantage avéré, notamment par la sociologie des organisations, c’est le lien entre un leadership affirmé et la mobilisation de l’établissement, mais ce leadership peut être occupé par d’autres que le directeur, par exemple un groupe d’enseignants moteur. Les études jadis conduites par François Dubet comme celles que j’ai menées avec Jean-Louis Derouet montrent que l’efficacité des établissements en matière d’amélioration des résultats des élèves tient à un ensemble de facteurs articulés les uns aux autres : un leadership au service d’objectifs clairs, un projet collectif reconnu et mobilisateur, une bonne qualité de communication et d’information à l’interne comme à l’externe, des relations interpersonnelles non conflictuelles, etc. Le chef d’établissement peut être le catalyseur de cet ensemble de facteurs mais les pouvoirs dont il dispose institutionnellement n’auront aucune portée sans la reconnaissance de ses qualités par ses personnels".

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/laclasse/Pages/2008/96_YvesDutercq.aspx