dimanche 26 octobre 2008

Un point de vue très autorisé...

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=45443

L’effet papillon ou comment produire des générations de crétins

La réforme du bac pro en trois ans se met en place petit à petit bien que les référentiels de formation ne soient pas écrits pour la plupart. Des économies pour le gouvernement, mais à quel prix ?
La réforme du bac pro en trois ans est, ne nous le cachons pas, une bien belle façon de faire des économies en lésant l’éducation de certaines de nos chères têtes blondes. Il va de soi qu’un programme fait en quatre ans (deux années de BEP + deux années de bac pro) auparavant se voit amputé d’une année pour un bac pro en trois ans. Alors est-ce à dire que nos élèves peuvent assimiler tout avec un an en moins, ou bien qu’un enseignant est capable de faire son programme en trois ans au lieu de quatre ?

Non, la réponse est deux fois non. Donc c’est le savoir qui est perdant : un bac pro, mais moins de connaissances et de savoir-faire. C’est une machine à produire des élèves qui savent moins !

Quid alors du BEP, ce diplôme intermédiaire qui favorisait les élèves peu scolaires ? Une aubaine pour les CAP qui vont se peupler d’élèves niveau BEP : la politique du pire, tu as au moins un CAP alors qu’avant tu aurais eu un BEP ! Encore une fois, produire des élèves qui savent moins !

Et les établissements scolaires dans tout ça : c’est formidable un bac pro en trois ans au lieu d’un BEP en deux ans, c’est une classe en plus me direz-vous ! Encore une fois c’est non, bac pro en trois ans oui, mais sans ouverture de classe : le ministère n’a pas les moyens qu’il soit de l’Education nationale ou de l’Agriculture (car il existe des BEP agricole) donc sans ouverture de classe, cela veut dire obligation de fermer une classe pour avoir ce bac pro en trois ans, mais généralement les classes fonctionnent par cycle de deux ans.

Un exemple : un petit établissement qui compte actuellement six classes : 4e et 3e de l’enseignement agricole, CAPA 1re année et 2e année et BEPA 1re année et 2e année devra demain avoir un bac pro en trois ans donc les deux années de BEPA actuelles + une autre année, mais pour cela il lui faudra fermer soit le cycle 4e/3e soit le cycle CAPA. Effet papillon de l’affaire, le bac pro en trois ans entraîne une fermeture de classe dans l’établissement et donc la fermeture à terme d’un cycle d’études.

Si l’établissement de mon exemple se sépare de ses 4e/3e, il ne lui reste plus que les deux classes de CAPA et le bac pro en trois ans soit cinq classes au lieu de six à l’origine et sept s’il y avait maintien des classes existantes.

Question : que vont devenir les élèves qui seraient venus en 4e/3e dans cet établissement ?

Vont-ils réintégrer l’enseignement général d’où ils sont sortis avec des difficultés ? Si oui, c’est envoyer des élèves à l’échec ! Vont-ils peupler les classes surchargées des classes de collège DP6 ? C’est en tout cas ce qui semble être le cas aujourd’hui. Cela dit, c’est une nouvelle fois produire des élèves qui savent moins.

Effet papillon encore et les profs dans tout ça ? S’il y a moins de classes, il faut moins de profs : le prof qui avait un temps plein (18 heures de présence en face à face élève c’est déjà pas beaucoup selon la vox populi !) va avoir forcément moins d’heures (et sera payé moins soit dit en passant).

Soyons sensés : un bac pro en trois ans ce sont des économies pour le gouvernement, mais ces économies sont faites sur le dos de nos enfants qui seront moins bien formés et, par conséquent, ils seront moins efficaces dans leurs métiers, moins aptes à réfléchir, à protester peut-être. Sommes-nous en train délibérément de produire des générations de crétins ? Il y a quelques années un slogan disait : "Eduquons ! C’est une insulte ?"