jeudi 2 octobre 2008

Des cocoricos qui ont sapé l'enseignement professionnel, déstabilisé les qualifications dans les métiers, nourri l' absence de compétences et générè la pénurie dans l' emploi

lu et remarqué sur le site  du café pédagogique

"100, 80 ou 50 ?

Lors de sa visite de rentrée à St-Valéry-en-Caux le 2 septembre dernier, le Premier ministre a déclaré : "19 ans après l' avoir fixé, nous n' avons toujours pas atteint l' objectif des 80% de bacheliers par classe d' âge", et propose un nouvel objectif : "amener 50% d' une classe d'âge à la licence d' ici 2015". C’est dans cette perspective qu’il convient selon lui de situer la réforme annoncée du lycée.

Voici donc un choix clair : entre les trois objectifs chiffrés, tour à tour mis en avant depuis une vingtaine d’années (100% de diplômés, 80% d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat, 50% de diplômés à la licence), le gouvernement marque sa préférence. La clarification, si elle se confirme au fil des années, ne risque-t-elle pas de provoquer une démobilisation des secteurs qui préparent au Cap, au Bep? Qui voient partir des élèves que la commission européenne définit dans ses indicateurs comme des early school leavers ? La courbe des jeunes qui sortent de formation initiale au niveau VI et V bis baisse pourtant continûment depuis 40 ans, plaçant la France à 6,5 points du 100%. Ne tire-t-on pas trop tôt un trait sur les « 80% », qui est un objectif pratiquement atteint… pour les filles ? En effet, 70% des filles de la classe d’âge du panel 1989 obtiennent au moins le baccalauréat et si l’on ajoute celles qui arrivent en terminale, on obtient le fameux « au niveau de ». La différence garçons-filles est encore plus marquée pour les jeunes sortant de la formation initiale sans qualification."

Dans un pays ou les responsables éducatifs, les édiles politiques, une grande partie des enseignants et l' université dans son sens générique ne sont toujours pas parvenus à dissocier culture et humanités et à faire place aux cultures techniques et professionnelles, sauf à les conjuguer avec l' informatique, de tels cocoricos éducatifs, officiels et incantatoires ne peuvent qu' appeler la circonspection et laisser pantois.

Il n' est d' ailleurs pas sans signification que M .De GAUDEMAR en charge de la réforme du lycée publie au même instant sur le "blog educ "de LA PROVENCE * une longue réflexion sur l' orientation du lycée sans qu' un seul paragraphe ne concerne vraiment  l'enseignement professionnel.

Il convient de se rappeler que l' élévation de 14 à 16 ans de l' âge de la scolarité obligatoire a généré le collège unique  et la perte de 300.000 places de cap 3 ans modestement masquée, par nécessité, par un chiffre de BEP2 ans, pourtant moitié inférieur.

Il suffira de se rappeler que les rhétoriques sur la nécessité d'une scolarité à 18 ans greffés sur la "démocratisation" du lycée ,les  80%au BAC et la création des bacs pro ont nourri une offensive "Progressiste",parce qu' humaniste", de déconsidération des BEP.

Et ce n'est pas par hasard que la transformation des bacs pros en quatre ans, par décalque des bacs généraux en trois ans,la démolition et le démantèlement des BEP s'ouvrent en première à une réforme du lycée qui va créer de fait une seconde unique et un cycle terminal.

Pour rejoindre ainsi le collège unique jusqu' à la fin de la classe de seconde que réclamait, il y a quelques années, les meilleurs élus du SGEN-CFDT suivis de prés par ceux d' autres syndicats se déclarant "réformistes"!

En bref une démocratisation et une massification éducative sans moyens, dans laquelle les moins élus de l' éducation et de la qualification, de fait de plus en plus nombreux, sont déshabillés en nombre, années, et volume de formation au profit des plus élus de la culture au nom d' un objectif, 50% à la licence qui n'est  assorti d' aucune étude sérieuse sur la corrélation de l' université et de l'emploi, les enjeux sociaux ou de société.

Sur fonds prévisible de désorganisation de la qualification professionnelle des populations, et pas seulement des non cadres, de sous rémunération pour tous, de chômage de masse universitaire, et de sentiment voire de réalités d' exclusion sociale.

Il est vrai qu' aujourd'hui nous disposons pour faire illusion et pour quelques années  du réservoir des nouveaux pays européens voire de celui des pays qui la tutoie, ce qui simplifie et fausse les logiques politiques.

Mais alors,il faudra aussi M. le Premier Ministre faire en ce domaine l' éducation des français!

 

50% à la licence :au nom de la bonne conscience et en oubliant Mr le Premier Ministre que le niveau éducatif d' une Nation ne relève ni du décret, ni du diktat ni d' une cécité sélective!

Mais qui veut aujourd'hui entendre de telles réflexions à la marge de la pensée unique?

B.PABOT

 

*http://blogs.laprovence.com/comptes/pwallez/index.php/post/19/07/2008/Le-recteur-de-Gaudemar-precise