jeudi 3 avril 2008

vers une réforme structurelle du second degré...

Lu sur:  http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2333740&rubId=786

01/04/2008 19:19

"Des suppressions de postes d'enseignant qui annoncent d'autres réformes

Depuis 2002, les différents gouvernements ont diminué le nombre d'enseignants du secondaire sans toucher aux programmes. Celui de François Fillon pourrait franchir le pas

Avec 1 200 000 fonctionnaires dont 900 000 professeurs, l’éducation nationale est de loin le premier employeur de l’État. Dans le second degré (collèges et lycées), depuis 2002, le ministère a diminué le nombre d’enseignants (dans le public comme dans l’enseignement privé sous contrat) et cette politique pourrait bien s’accentuer dans les années à venir. Explications.clip_image002

Quel est le niveau d’encadrement des élèves ?

clip_image003Les professeurs, comme les élèves, dénoncent régulièrement des classes surchargées comptant plus de 30 élèves. Et pourtant, selon les statistiques du ministère de l’éducation nationale, le nombre moyen d’élèves par enseignant est de 12,2. L’écart entre ces deux chiffres s’explique d’abord par le fait qu’à la différence de l’école, il y a plusieurs professeurs par classe dans les collèges et les lycées. Ensuite, il s’explique par la diversité des situations pédagogiques : options avec peu d’élèves, classes en demi-groupes (plus d’un tiers des heures d’enseignement au lycée sont effectuées en groupe et non en classe entière), dispositifs pédagogiques variés…
Au total, pour l’année scolaire 2006-2007, les collèges et lycées comptaient 5 418 000 élèves encadrés par 378 807 enseignants « devant élève ». Avec un taux d’encadrement de 12,2 élèves par professeur, la France se classe parmi les mieux dotés des pays riches. Notre pays est aussi l’un de ceux où la charge de travail des élèves est la plus élevée. L’équation est simple : fort taux d’encadrement + beaucoup d’heures de cours = un enseignement secondaire qui coûte cher. La dépense moyenne par lycéen a ainsi augmenté de 50 % entre 1990 et 2004 en euros constants. Alors que la France dépense moins que la moyenne des pays de l’OCDE pour le primaire, elle est au-dessus pour le secondaire.
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La baisse du nombre d’enseignants est-elle importante ?

clip_image005Depuis le milieu des années 1990, le nombre de collégiens et de lycéens ne cesse de diminuer. À l’inverse, le nombre d’enseignants a continué d’augmenter jusqu’en 2002. Après la réélection de Jacques Chirac, la droite au pouvoir décide de mettre un terme à cette situation. Le nombre d’enseignants devant élève est ainsi passé de 402 000 en 2002-2003 à 378 800 en 2006-2007. Pour la prochaine rentrée de septembre, le gouvernement a encore prévu de supprimer 6 700 postes d’enseignant dans le secondaire. Cette restriction s’inscrit dans le cadre plus large de réduction des déficits publics.
Le pouvoir s’est engagé à ne pas remplacer chez les fonctionnaires un départ à la retraite sur deux. Le ministre de l’éducation Xavier Darcos avait vanté son bon budget 2008 en expliquant qu’il avait obtenu de Bercy le non-remplacement de seulement un départ sur trois. Mais les syndicats enseignants craignent que la règle du 1 sur 2 s’applique au budget 2009 en préparation.
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Comment l’État s’y est-il pris pour opérer des coupes ?

clip_image007Depuis cinq ans, le ministère explique qu’il diminue le nombre de professeurs sans toucher au taux d’encadrement ni aux contenus de la scolarité. Il s’appuie sur un double argumentaire, démographique (la baisse du nombre des élèves) et technique. Le plus gros employeur de l’État dispose de marges de manœuvre considérables pour optimiser les moyens.
La rue de Grenelle a ainsi, tour à tour, réformé le système de remplacement des enseignants, diminué le recrutement dans les disciplines en surnombre de professeurs (allemand, éducation physique…), restreint le choix d’options ou fermé certaines filières dans l’enseignement technique et professionnel. De même, en limitant le nombre de redoublements d’élèves, on fluidifie le circuit.
Alors ministre de l’éducation, François Fillon avait, en revanche, échoué à alléger le baccalauréat et son successeur, Gilles de Robien, renoncé à remettre en cause certaines « décharges » de service des professeurs.
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Peut-il aller plus loin ?

clip_image009L’État va continuer à optimiser la gestion en introduisant de la souplesse dans un système très rigide. La bivalence (un professeur enseigne deux matières) a fait une entrée timide dans les instituts de formation (IUFM). Le récent rapport Pochard sur l’évolution du métier d’enseignant proposait aussi d’annualiser le temps de travail des enseignants et de donner plus d’autonomie aux établissements pour répartir les moyens.
Mais l’actualité de la rentrée prochaine, c’est avant tout le développement des heures supplémentaires. Sur les 6 700 postes d’enseignant supprimés dans le secondaire, 3 500 le sont au titre des heures supplémentaires. C’est la traduction du « travailler plus pour gagner plus » du président Sarkozy. Le gouvernement a mis en place une défiscalisation de ces heures supplémentaires afin de convaincre les professeurs.
Il se pourrait aussi que le gouvernement décide de changer de braquet en s’attaquant, pour la première fois, au contenu des programmes. Les audits réalisés sous le précédent gouvernement s’étaient penchés notamment sur les lourdes grilles horaires des collégiens (entre 24 heures et 28 heures hebdomadaires) et lycéens (entre 30 et 45 heures) qu’ils recommandaient d’alléger.
Cette analyse rejoint les études internationales que résume le spécialiste des politiques éducatives à l’OCDE, Éric Charbonnier : « Certains pays obtiennent de meilleurs résultats que la France, en termes de réussite des élèves, tout en ayant une charge d’enseignement moins lourde. L’éducation nationale pourrait s’inspirer de ces modèles en diminuant le nombre d’heures de cours mais en développant les dispositifs d’accompagnement des élèves, d’aide aux devoirs ou de méthodologie. »
Une heure de cours supprimée au collège équivaut à 6 000 postes en moins, rappelait il y a peu Gérard Aschieri, patron de la FSU (lire La Croix du 9 septembre 2007). C’est toutefois au niveau du lycée, où l’offre est la plus abondante, que les premières coupes pourraient être opérées.
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Quel est l’état d’esprit des syndicats enseignants ?

clip_image011Les audits, le rapport Pochard, l’actuelle révision générale des politiques publiques (RGPP)… La succession des avertissements place les syndicats en alerte rouge. Après les mauvais résultats aux municipales, le gouvernement semble vouloir accélérer les réformes, et les échéances européennes plaident aussi pour une priorité à la réduction du déficit public.
« Tous les éléments sont réunis pour un conflit majeur », prévenait début février, dans Le Monde, Gérard Aschieri. En ce printemps, le mouvement de protestation a surtout pris en région parisienne, dans l’académie de Créteil notamment. Les syndicats y contestent les prévisions du rectorat de 4 000 élèves en moins à la rentrée. S’ajoute à cela des établissements de Seine-Saint-Denis traditionnellement très mobilisés. De plus, l’enseignement professionnel est bien représenté en région parisienne. Or, la réforme du bac pro en trois ans, au lieu de quatre, est venue aussi alimenter les critiques sur la baisse des moyens.
Pour l’instant, la mobilisation lycéenne et enseignante ne s’est pas étendue à toute la France. Les annonces sur le recours aux heures supplémentaires (pouvoir d’achat oblige) ont permis de faire passer sans trop de remous les suppressions de postes de la rentrée prochaine. Mais l’annonce d’une réforme structurelle de l’enseignement secondaire, dans les semaines qui viennent, serait autrement plus sensible.
"

BERNARD GORCE

 

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2333740&rubId=786

 

Qu'en dit-on réellement au SNETAA,

On enquête pour savoir si les enseignants soutiennent leurs futures suppressions d' emploi?

 

Agamemnon