samedi 13 janvier 2007

Une lourde faute d’orientation

Voter, lorsque le vote a un sens, suppose de ne pas voter idiot. S’agissant ainsi du vote d’orientation ,il faut en mesurer le contenu, et la portée. Cela suppose de dépasser la lecture au premier degré du seul texte qui nous est proposé et de ne pas se laisser bercer, voire endormir ou berner ,par le propos ou la phraséologie du document. Chemin faisant de la lecture on découvre ainsi qu' « AUTREMENTcondamne également tout apprentissage prématuré avant l’acquisition d’une qualification professionnelle, au minimum le bac professionnel pour la filière professionnelle ou le BTS pour la filière technologique , notamment pour que chaque élève soit en mesure d’exercer un regard critique sur la formation qui lui est proposé » Jusqu’à présent nous avions toujours eu recours à la formule : Pas d’apprentissage avant l’acquisition d’une première qualification professionnelle reconnue. Une telle proposition n’est donc pas dans nos mandats . Elle est donc destinée à tracer le chemin d’une évolution que le congrès sera appeler à consigner dans les mandats de l’organisation. On peut comprendre qu’un nouveau secrétaire général , soucieux de se donner dans le verbe une image de grand de l’humanisme,, soit tenté par la démagogie et la surenchère, a fortiori si de surcroît elle lui taille un costume de grand défenseur de la laïcité. On comprend que la référence au BAC PRO sonne bien dans la carte de visite sociale et puisse répondre à l’aspiration à un légitime ego des enseignants_ : « OUI, Madame, il(elle)est _professeur en classe de bac au lycée! » Mais de là à considérer que le CAP ou le BEP du service public d’Education, voire le bac technologique ne permettent pas aux jeunes d’accéder à la capacité critique, c’est leur faire un lourd et étonnant procès pour un syndicaliste ! Au delà, c’est faire offense aux jeunes concernés ,à fortiori lorsqu’ils sont diplômés, nourrir la dévalorisation du service public d’éducation, et mépriser les collègues qui n’ont pas de classes de bac. C’est jeter le bébé de l’enseignement professionnel avec l’eau du bain et scier la branche sur laquelle les PlP sont assis . En fustigeant l' immaturité culturelle des centaines de milliers de jeunes qui ne parviennent pas au terme d’un bac pro, on construit pour eux une image d’insuffisance lourdement préjudiciable pour les nombreux jeunes qui accèdent encore avec profit à une qualification reconnue dans l’emploi à l’issue du BEP notamment industriel, voire même après l’obtention du CAP pour les élèves les plus en difficulté . Vous n’avez pas le bac pro ou le BTS, vous êtes par essence un idiot ! Cette pensée intime d’un syndicaliste me hérisse. .On croirait entendre le SNES, aux mandats duquel on a emprunté la pensée proposée . Il est vrai que la scolarité obligatoire jusqu'à 18 ans et le bac pour tous sont aussi au cœur des mandats d’un SE et d’une UNSA éducation ,qui lorsqu’ils avaient en 1987 pour nom SNI ET FEN ne tarissaient pas d’éloge pour la proposition CHEVENEMENT-CARRAZ de 80%d’une classe d’age au niveau bac ! Mieux dans la démagogie que le SE et L’UNSA : le BAC+pour tous ! Pourquoi ne pas réclamer alors la licence professionnelle pour tous, Cela aurait la vertu de permettre d’en demander l’implantation exclusive dans les LP promus université professionnelle ! Comme si le niveau culturel était à lui seul le remède à tous le aléas de la vie professionnelle, personnelle ou sociale ! Comme si par exemple la licence protégeait, par essence même, de l’inadaptation sociale ou professionnelle et constituait par nature le meilleur rempart contre le chômage ou la meilleure garantie d’une insertion réussie ! J’avais cru comprendre, mais sans doute me suis je fourvoyé, que dans l’enseignement professionnel, on avait appris à replacer dans leur juste contexte les matraquages idéologiques qui accompagnent les incantations sur l’élévation des niveaux de qualification§ Pense t-on en haut lieu syndical qu’emprunter au corps de doctrine du Snes ,en validant au passage les réflexions du Se, fera la fortune de l’enseignement professionnel et construira cette spécificité que dans ses écrits le secrétaire général et son cabinet prétendent promouvoir ? Avec le bac pour tous ,quelle place pour le L.P entre le lycée unique technologique et professionnel du SNES et celui polytechnique du SE ? Quelle considération pour les PLP dans de telles structures ? S’agit-il de préparer la recomposition ? Il nous faut, semble t-il, remettre les pieds au sol ,faire acte de mémoire et forcer autrement notre analyse et notre raison si nous voulons préserver et affirmer notre identité et nos spécificités qui sont corporatives parce qu’elles sont avant tout éducatives. Sachons d’abord nous rappeler que contrairement à la FEN, le SNETAA n’a pas approuvé au conseil supérieur de l’éducation la loi Chevènement sur l’éducation ; N’oublions pas que nous avons conduit un combat permanent et frontal contre la suppression des CAP pour permettre notamment la construction éducative d’une qualification professionnelle validée, notamment pour tous les jeunes qui en ont été exclus par le collège unique et dont le nombre reste très élevé aujourd’hui . Combien de centaines de milliers de jeunes supplémentaires mettra t’on à la rue avec la proposition qui nous est faite et ses futures conséquences sur nos mandats de congrès, A fortiori si on est les premiers à dévaloriser les qualifications qu’ils ont pu obtenir ,de surcroît par notre action d’enseignant ? Sachons une fois encore nous prémunir contre le mélange entre les réflexions syndicales et les propositions démagogiques de partis à la conquête du pouvoir, fut-il républicain ! N’oublions pas que le discours tous au bac pro conduit tout droit à celui du BEP propédeutique et qu’en ce domaines nous avons dans un passé récent combattu avec la plus grande fermeté nombres de propositions que nous jugions déviantes Celle, par exemple, du BAC3 et DU BEP +1 du CNPF. Celle d’une orientation en fin de seconde générale suivie d’un cycle de DEUX ANS Celle d’un collège unique jusqu'à la fin de la classe de seconde suivi d’un bac pro en deux ans Celle du bac pro linéaire en 4ans Celle d’un parcours jusqu'à la classe de première technologique, certains disaient même générale suivie d’un bac pro en un an, susceptible de devenir ;un bac pour tous+un an de formation complémentaire comme option de bac Que n’avons nous pas entendu à la seule fin d’engager le démantèlement du BEP e à travers celui de l’ossature même du lycée professionnel ? On pourrait épiloguer longtemps sur le maigre profit et les immenses dangers de tels systèmes pour les élèves. Mais pense t-on vraiment globalement que l’enseignement professionnel ,les jeunes qui lui sont confiés, ses structures et ses enseignants y trouveraient un quelconque profit ? Alors de deux choses l’une : Ou la proposition est formulée à la légère, elle est alors irresponsable avant d’être démagogique, Ou elle s’inscrit dans une quelconque stratégie de rapprochement de mandats avec une autre organisation et elle démontre, si besoin en est, que l’obsession d’une marche arrière syndicale de quinze années continue, derrière l’affirmation de l’ancrage du Snetaa à EIL, à faire son chemin dans la tête de certains responsables ; Pour ma part ,je ne souscris ni à l’une ni à l’autre et je crois absolument nécessaire de dénoncer ici ce nouveau dérapage de la pensée AUTREMENT-SNETAA Agamemnon _