vendredi 19 janvier 2007

justice fiscale?

Les programmes fiscaux des candidats

La gauche et la droite ont entamé la bataille pour la présidentielle sur le terrain de la fiscalité. Entre les options des uns et celles des autres, ce sont plusieurs visions de l'Etat qui s'affrontent. Revue des propositions des six principaux candidats.
Les programmes fiscaux des candidats

Redistribution pour Royal et valorisation du travail pour Sarkozy.

AFP

Paris, 19 janvier (AOL / PLUSnews.fr ) - La campagne présidentielle a réellement démarré cette semaine. Les candidats se sont saisis d'un thème stratégique, la fiscalité, qui permet de polariser les grands clivages idéologiques.

Nicolas Sarkozy : "Tout vaut mieux que taxer le travail"
Le candidat de l'UMP tient un discours relativement classique à droite : il souhaite avant tout "revaloriser le travail" par un allègement de la pression fiscale. Il propose de plafonner les prélèvements obligatoires à 40% du PIB dans l'objectif de relancer la croissance.

Pour les salariés, la mesure qui aurait le plus d'effets concrets est l'exemption fiscale des heures supplémentaires. Nicolas Sarkozy propose la mise en place d'un nouveau "bouclier fiscal", fixant le plafond d'imposition global d'un foyer, tous impôts confondus, à 50% des revenus perçus (60% actuellement).

Cette mesure pourrait adoucir sensiblement l'Impôt de solidarité sur la fortune.

Les autres propositions concernent essentiellement les détenteurs de patrimoine. Nicolas Sarkozy souhaite ainsi que les Français puissent transmettre leur patrimoine en franchise de droits de succession.

Ségolène Royal : "Il faut privilégier la justice fiscale"
La candidate socialiste appuie son projet fiscal sur une philosophie redistributrice, dans la droite ligne des grands programmes socialistes.

La première innovation consisterait à fusionner la CSG et l'impôt sur le revenu pour en faire un nouvel "impôt citoyen". Prélevé à la source, il devrait conduire, selon le Parti socialiste, à la suppression des niches fiscales, les petits avantages qui bénéficient à certaines professions et situations.

Le bouclier fiscal, actuellement fixé à 60% des revenus, serait supprimé.

Ségolène Royal rejoint Nicolas Sarkozy sur un point : il ne faut pas que le travail soit trop taxé. Mais elle suggère une modification au niveau de l'employeur. Les entreprises seraient imposées sur la base de "l'ensemble des richesses produites" plutôt que sur les seuls salaires. La taxe professionnelle est en première ligne.

Les socialistes prévoient aussi une aide fiscale pour les investisseurs, en particulier dans le domaine des éco-industries.

Ségolène Royal, qui se dit en "phase d'écoute" jusqu'au 11 février, affinera son programme ultérieurement. Elle a demandé à Dominique Strauss-Kahn, Didier Migaud, François Marc et Eric Besson de réfléchir à une proposition de loi plus précise sur la fiscalité.

Les programmes fiscaux des candidats

Pour la candidate communiste, "il faut faire payer les riches et baisser à 0% la TVA sur les produits de première nécessité.

AFP

François Bayrou : "Il faut redresser les finances publiques"
L'UDF met traditionnellement la réforme de l'Etat au centre de ses valeurs. François Bayrou ne déroge pas à la règle : "Pour moi, la priorité est le redressement des finances publiques. La priorité des priorités, c'est la réforme de l'Etat qui permettra de distinguer les domaines où il faut de l'investissement (…) des domaines où il convient au contraire de faire des économies de fonctionnement."

François Bayrou refuse donc toute baisse des impôts. Son projet prévoit la suppression de la plupart des exemptions fiscales, ainsi qu'une correction de l'ISF : davantage de Français seraient concernés, du fait de la suppression des dérogations, mais le taux de prélèvement serait moindre : 0,1% sur les patrimoines au-dessus de 750 000 euros.

Jean-Marie Le Pen : "Moins d'Etat, moins d'impôts"
Le Front national présente peu ou prou la même ligne qu'en 2002. Il propose une suppression pure et simple de l'impôt sur le revenu, même s'il parle désormais de le faire "progressivement, tout au long du mandat".

Jean-Marie Le Pen veut aussi supprimer l'impôt sur la fortune… sans expliquer comment compenser la baisse des recettes pour l'Etat.

Marie-George Buffet : "Nous devons faire payer les riches"
La candidate communiste propose une "grande réforme fiscale", avec un doublement de l'impôt sur la fortune - et même un triplement au-delà de 1,2 millions d'euros de patrimoine.

Le nombre de tranches de l'impôt sur le revenu serait à nouveau augmenté pour favoriser la progressivité.

Concernant les entreprises, Marie-George Buffet souhaite "taxer les revenus financiers" et " pénaliser les entreprises qui font le choix des profits contre l'emploi et les salaires". Elle veut enfin abaisser progressivement à 0% la TVA sur les produits de première nécessité.

Héloïse Lhérété (AOL / PLUSnews.fr )