jeudi 11 janvier 2007

Kafka Syndical : une saga en contribution au débat d'orientation (redifusion)

Tendance unique, tendance perverse. Les dés du vote d’orientation dans le SNETAA sont jetés . Recroquevillé frileusement sur son appareil , le SNETAA va connaître à nouveau, et pour trois longues années, une mandature de tendance unique.Ce choix syndical, organisé par sa direction pour étouffer le débat démocratique interne est tout à fait particulier puisque, pour la première fois, il s’effectue en pleine période de paix sociale interne. , A) De tous temps, des groupes sociaux et des peuples , démissionnant de leurs responsabilités démocratiques, se sont accommodés de situations qui contraignent ou enferment la démocratie, ont approuvé ou encensé les partis uniques , célébré et idolâtré des choix antidémocratiques et les régimes néo totalitaires auxquels ils donnent naissance. Car tout , et il m’a déjà été donné de le dénoncer ici, tout, a été fait par une cellule de la direction nationale préoccupée de sa seule pérennité, pour mettre en place et organiser un tel résultat. Y compris au sein du courant de pensée majoritaire désormais installé dans le choix et les verrous de l’unicité, pour purger les impétrants ou pour écarter du débat interne les trublions potentiellement créatifs , c'est à dire susceptibles d’être critiques à l’égard de la direction syndicale . En commençant par moi même, qui ayant fait le choix de ma retraite ne méritait pas tant de considérations musclées, d’honneur méprisé et de respect piétiné. Mais c’est au fond un hommage que la direction nationale du SNETAA m’a rendu. Pour ceux qui s’offusqueraient de ces propos que l’on pourraient prendre, non sans raison sans doute, pour des comparaisons entre la démocratie politique et la démocratie syndicale, je crois qu il n’est pas inutile de citer la définition du totalitarisme que donne l’encyclopédie ROMBALDI : "Manifestation abusive de la puissance de l’état. Ce régime politique cherche à organiser les citoyens en un bloc unique afin d’en régir les diverses activités. Toute forme d’opposition y est autoritairement supprimée et le pouvoir confisque le droit de décision dans la totalité des secteurs…. A la différence de la dictature qui est le fait d’un seul individu, l’Etat totalitaire se veut l’émanation idéologique de la nation ,organisée en parti unique fortement hiérarchisé .Le gouvernement n’est pas toujours le fait d’un seul homme, et reste souvent assujetti aux directives du parti dont il est représentatif. Cependant la violence d’un tel pouvoir favorise souvent la mise en place d’un dictateur…. " Il s’agit certes là d’un problème que connaissent certaines nations et leur société civile. Mais qu’en est il quand ce modèle devient celui vers lequel avance une société syndicale , sans qu’il soit besoin de tenter de le justifier par des contraintes internes ou extérieures ou le recours à l'idéologie de l’ennemi intérieur. Sereins et sans états d’âme au point d’en être aveugles et autistes ? Comment qualifier un tel modéle syndical lorsqu'on est de ceux qui pensent que la démocratie est une valeur universelle , une et indivisible, et qu'elle ne se découpe pas en rondelles, ici politique là syndicale, qui auraient chacune leur sens et leur acception? Et je n’identifie pas ici la démocratie à un laxisme libertaire qui oublierait que toute société quels qu’en soit les fondements doit se doter de règles communes acceptées et en retour partagées et respectées. Certains verront sans doute dans mon propos une dimension d’outrance et se sentiront dés lors dispensés d’en examiner la crédibilité. Et pourtant ! B) Notre syndicat est statutairement organisé autour d’un pluralisme des courants de pensée qui a pour mission de permettre la vigilance démocratique et la régulation du pouvoir par le contre pouvoir. Leur existence et leur multiplicité vise à favoriser et à garantir une vrai démocratie syndicale ascendante ,dans laquelle les édiles syndicaux n’ont de crédit et de pouvoir que par la volonté des adhérents, par le mandat qu’ils leur assignent , par le rendu compte et l'ecoute qu'à tout moment ils sont en droit de leur réclamer. Le relâchement des valeurs collectives de notre société syndicale et le repli sur soi que développent dans notre société une propension croissante au libéralisme économique , la mise en cause des exigences de la solidarité sociale, nourrissent, nous le savons tous, le désintérêt et l’indifférence pour toute reflexion commune En particulier, au sein des syndicats, associations et autres structures collectives et démocratiques . ,Cette conjoncture était opportune pour pérenniser à des fins particulières ,une situation syndicale interne que plusieurs tentatives de scissions orchestrées avaient placé temporellement sous le régime de la tendance unique. C’était une vrai tentation pour le secrétaire général et son cabinet. Force doit être de constater que le choix désormais structurel de la tendance unique est bien celui qui est orchestré .Il sera adopté de fait sans échange et sans confrontation des diversités , puisque le choix a été fait , au sommet syndical , de ne laisser aucun espace à l’organisation d’un véritable débat démocratique Et encore moins à la construction d’une quelconque alternative à une ratification de pure apparence démocratique dans laquelle le oui est largement incantatoire oucontraint, le non improductif et dénué de sens, le refus de vote dépourvu d’effet. Et ce quel que soit le nombre de mandants qui se seront exprimés dans les urnes ! Un vote pour caution , à la sauvette, telle est la signification profonde du bulletin de vote que les adhérents sont invités à émettre. A moins qu’il ne s’agisse simplement , en ce début d’année 2007 de faire plaisir aux dirigeants. C) ,Le choix qui va être ratifié sans appel est désormais structurel. C’est celui de la pensée et du régime unique pour garantir dans la durée la pérennité d’un régime syndical en mal de créativité et d’identité syndicale . Il existe pourtant parmi les modèles statutaires syndicaux connus des systèmes sans tendances§ Mais ils présentent pour certains responsables un écueil sérieux :celui du contrôle direct des dirigeants par les adhérents grâce à leur élection individuelle aux scrutin uninominal. On a ainsi vu en 1994, un an après l’implosion de la FEN , au premier congrès du SE , successeur du SNI et après la suppression des tendances dans ce syndicat et dans la FEN, plusieurs grands dignitaires de la fédération mordre la poussière. Rassurez vous, les couloirs de la démocratie au SE-SNI ont fourni sur le dos du vote des adhérents les remédes nécessaires à l’ effacement de tels déboires Mais la leçon a porté. On comprend mieux alors qu’il soit plus confortable et plus intéressant de prendre pour choix un fonctionnement des statuts à l’opposé de leur sens et de leur logique si ce n’est de leur lettre. D) Ancien secrétaire général " expérimenté ", fondateur et maître d’œuvre de la tendance majoritaireAUTREMENT à laquelle j ai donné le meilleur de moi même et apporté une contribution de pensée significative, je lance à tous les adhérents de mon syndicat un véritable cri d’alarme. Le fonctionnement dans lequel le SNETAA s’engage, par la seule volonté de son secrétaire général , suivi de son cabinet et de quelques autres responsables qui s’en accommodent avec profit, est pervers pour l’organisation et l’ensemble ses adhérents. E) A la lumière de mon expérience , dans un récent passé, je peux en décrire les effets et les dérapages inévitables sur un chemin sur lequel le SNETAA progresse rapidement depuis deux ans; Sans pluralisme de tendance, il n’y a pas de contre pouvoir. Encore moins de régulation , dés lors qu’il n y a plus entre les votes d’orientation de notre syndicat de contrôle et de dialectique démocratiques autres que ceux internes à une seule tendance appelée durablement et en permanence, en l’absence de prise de risque externe, à marcher au pas. .C’est la loi d’un système dans lequel les élus ne peuvent que s’aligner sur la règle d’approbation et sont appelés durablement à ne pas faire état de leur propre schéma de pensée, dés lors qu’il pourrait perturber l’autosatisfaction de fonctionnement des instances de pilotage.Le retour sur soi et l’autocritique individuelle ou collective de tendance sont dans ce cadre exclus des démarches d’analyse.... jusqu’au naufrage. Le scrutin de liste; lié dans une confrontation pluraliste, à la promotion et à la défense d’un projet syndical collectif et solidaire se dénature. .Le concept d’élu se dévoie. Il ne s’agit plus en effet sous couvert d’une ratification d’orientation de pure forme et dénuée de sens que de se répartir des siéges. En réalité le secrétaire général statutairement responsable de la tendance unique distribue arbitrairement les siéges selon des critères qui sont les siens et que l’on peut aisément imaginer(les pouvoirs territoriaux ,les conseillers du cabinet, les fidèles, les militants susceptibles d’être les plus malléables )…. C’est le fonctionnement napoléonien Les débats dans les instances où tous les élus, sont cooptés tout en restant hautement éjectables pour la moindre peccadille et ce au bon vouloir du n° 1 , ne peuvent qu’ouvrir la voie à la pensée unique, sauf une détermination singulièrement illusoire du secrétaire général à vouloir la rompre Et quand le pli est pris ,il devient bien difficile de défroisser le tissu ! Le courant de pensée syndical se transforme ainsi en écurie de course présidentielle ;C’est une nouvelle forme de tendance .IL faut bien alors parler de régime syndical L’absence de confrontation , la dépendance personnelle des élus à l’égard du grand dignitaire du régime, le souci de coller à la pensée du chef voire de la précéder , hypothèquent le nécessaire débat interne., les garanties et les fondements démocratiques des choix. L’argumentation devient étriquée ou absente .Elle est jugée inopportune ou inutile dés lors qu’il n’est plus nécessaire de plaider ou de convaincre,. La pensée s’appauvrit .En l’absence d’apport externe et d’une réelle et permanente évaluation par un processus démocratique ,le fonctionnement se referme sur les seules structures, par essence même compréhensives et diligentes, et donc contrôlables. 6) la conception d’un secrétaire général émanation d’une équipe cohérente, fruit d’un choix pluraliste des adhérents et homogènepour permettre la réalisation d’un projet syndical majoritaire à l’issue d’une controverse arbitrée par les urnes, se renverse. Le pouvoir vient d’en haut, le système aspire à la verticalité dans une logique descendante et s’enferme pour mieux se protéger. 7) .L’absence de frein externe à la tendance accroît parmi les membres de l’appareil les appétits d’autorité ,les diktats explicites puis implicites d’alignement de pensée et de soumission personnelle à l’échelon supérieur. L’exigence de valeur syndicale ,de compétence et de qualités humaines des responsables, la valorisation de la connaissance et de l’expérience de l’expérience , s’effacent .Un cynisme totalement irrespectueux des êtres humains et qui n’ a rien de syndical les remplace. 8) La notion même de courant de pensée disparaît et avec elle le respect et la force du contrat collectif confié par les adhérents .L’absence d’ évaluation et de contrôle autorisent à composer, à naviguer à vue sans aucun cadre réel et cohérent de réflexion.. Privé de repères , le système , pris de cours et déboussolé par l’absence d’une véritable réflexion , recours aux expédients dans ses choix et se range de façon croissante sous la bannière des maîtres du jeu syndical .L’indépendance et l’autonomie syndicale sont menacées 8) Les exigences de performances et d’efficacité syndicales se diluent et passent au second plan...Le travail et l’analyse se réduisent , la réactivité disparaît .Le souci de productivité syndical qui doit être celui du secrétariat national est gommé au nom des convenances et des disponibilités personnelles L’ensemble du syndicat se met à tourner sur lui même, au risque de ne plus voir s’accumuler les dangers de sa propre perte 9) Du secrétaire général choisi, par une équipe nationale et en son sein, on passe de fait à un président flanqué d’un cabinet. S’installe ainsi insidieusement dans les esprits une monarchie autoritaire mais d’apparence statutaire. 10) Les responsables , évaluées par le haut à l’aune de critères sans rapport avec leur travail ou leur efficacité, assurés de l’approbation sans condition de leur bilan et de leur pérennité ont alors tout loisir, dés lors qu’ils ne rompent pas le pacte de cour, de entredéchirer pour les places d’honneur quand ce n’est pas pour les miettes de l’apparence d’un pouvoir L’ADHERENT A DISPARU . Il n’a plus comme droit idéologique et syndical d’existence que celui d’honorer sa cotisation Il lui reste le plaisir intellectuel de se désolidariser par un vote que de toutes façons le régime de la tendance unique prive de tout effet . Il est bien évident qu’aucun mécanisme syndical n’est pur Et nul n’a l’innocence de penser que les processus démocratiques sont par nature absents de critiques ,à fortiori lorsqu’ils affrontent les situations d’urgence ou de crise. Mais le culte de l’unicité est d’essence totalitaire. D’aucuns penseront que je décris ici pour le SNETAA , par pur lyrisme intellectuel la menace d’un univers syndical KAFKAIEN . Retraité de ma propre volonté et donc désormais simple observateur de mon syndicat ,dont des hiérarques ont souhaité en mon absence m’écarter , je ne peux que redire ici que nous ne sommes pas dans la fiction . En deux ans et demi le parcours sur le chemin que je décris me paraît déjà important. et le pas est appelé à s’accélérer au cours de la prochaine mandature A défaut de prendre la dimension d’une telle évolution, le réveil pourrait être difficile à l’heure de vérité des échéances reelles :la vraie mesure de qualité de la défense et de la riposte syndicale, la confiance des personnels exprimée par l’adhésion au SNETAA, le crédit électoral, l’image d’indépendance par rapport au pouvoir …. Le vernis syndical n’y palliera pas ! D’aucuns se rassureront sans doute en estimant qu’il existe toujours une issue en cas de faillite : la vente à une autre organisation des adhérents et du fonds de commerce J'en connais le principe.les principaux responsables savent toujours sauver leur place et laisser la facture aux autres.; Je crains pour notre syndicat et au travers lui pour ses adhérents. ET ce n’est pas là un fonds de commerce , fût-il le mien.