dimanche 8 mars 2009

Recomposition syndicale : à régionalisation dialectique rien n’est impossible !

 

Les lois de décentralisation ont confié aux Conseils régionaux la responsabilité d' établir le schéma prévisionnel des formations et le plan régional de développement de la formation professionnelle (PRDF) qui concerne les jeunes et les adultes et qui inclut le schéma de l' apprentissage.

La question de la mise en tutelle régionale de la formation professionnelle initiale et de la régionalisation du corps des PLP est depuis une question dialectique récurrente.

Elle alimente des spéculations de tous poils et nourrit nombre de dialectiques, notamment celles de ceux qui, pour arguer de la fin imminente du Corps et du statut national des PLP, mêlent sans discernement et quelque peu volontairement l’organisation des services et des missions des personnels et la dimension nationale du statut et du corps.

A entendre parmi eux les orfèvres de la dialectique de sommet , et singulièrement parmi eux les actuels maires du palais, la régionalisation totale et statutaire des PLP serait imminente et inéluctable .Elle induiraient un transfert rapide des PLP aux régions et une grave dénaturation de leur missions.

Le feu et le choléra seraient donc aux portes du Syndicat et à celles de ses édiles.

Pour s’en prémunir, les chantres de la recomposition syndicale, et au premier rang d’entre eux des dignitaires en déconfiture de leur propre crédit syndical, proposent, à qui veut les entendre dans le cercle des fidèles du bureau national de faire nombre sous l’aile protectrice et bienveillante d’un grand frère syndical.

Ils plaident alors sans ambages pour que le SNETAA se jette, sans barguigner et sans égard pour le prix à payer,  dans les bras d’une fédération syndicale hospitalière et idéologiquement accorte.

Et leur idée n’est évidemment pas de laisser à d’autres qu’eux le soin de décider de l’élue choisie pour convoler.

Il ne faut pas,et il n’y a pas lieu , à l’évidence de consentir à de telles ardeurs ou à de telles intempérances.

Force est en effet de constater, en tout pragmatisme, que cette régionalisation brandie, hochet d’opportunité dialectique permanent, relève aujourd’hui plus de la hantise ou du fantasme que de la réalité pertinente et constatée.

Même si n’importe quel pouvoir politique peut à tout moment être tenté de lui donner un cadre et une forme .

Mais « pour voir loin, il faut y regarder de prés » (Pierre DAC)

Les 20 propositions pour un big-bang territorial de la « Commission BALLADUR » vont donc probablement nourrir et relancer dans les couloirs du SNETAA les spéculations des responsables qui appellent de leur vœux une recomposition syndicale dont la seule réussite certaine serait de faire disparaître le Syndicat et la fédération EIL .

A la lumière des précédents historiques, il s’agirait probablement en l’occurrence de contraindre les syndiqués à rejoindre, si possible sans coup férir et sans murmure, une fédération réformiste  connue qui avait sous un autre nom en 1993, placé le SNETAA en face d’un choix unique : se soumettre à son exigence de sa disparition ou se démettre .

Il est patent, et le blog en a dressé le constat dans les articles qu’il a consacré aux thèses de certains édiles du SNETAA sur la prétendue nécessité d’une telle recomposition, que leurs discours sont à contre sens de toute analyse rationnelle de l’actualité et des faits.

Leur verbe s’affranchit sur la régionalisation ,comme sur le corps unique ou la représentativité , de la rigueur nécessaire à toute analyse qui entend donner du sens et de la crédibilité à un projet de cette importance .

Constatons d’abord qu’ils ne mesurent pas la signification, la portée et les enjeux de la volte face de la CGC au moment même ou elle s’apprêtait à publier les bans de son mariage avec l’UNSA .

Constatons ensuite que les 20 propositions largement médiatisés pour une révolution territoriale et pour préparer de fait une modification à froid des bases de la Constitution de la République restent suffisamment vagues pour qu’on n’en connaisse pas à ce jour les effets législatif réels , à fortiori ceux sur la fonction publique.

Au delà du tohu -bohu institutionnel, s’agit-il de relancer la décentralisation largement engagée dans notre pays, de faire évoluer la France vers un fédéralisme anglo-saxon tel qu’il est par exemple pratiqué en Angleterre, aux Etats -unis ,au Canada , en Afrique du Sud   ou de construire un nouveau modèle de fédération d’états régionalisés auquel aspirent les libéraux européens. ?

Il n’y a rien, ni dans les 20 propositions récentes ni dans les 77 qui les ont précédé, qui permette en tout cas de jeter un quelconque pont avec les réformes projetées de la fonction publique et avec le projet de reforme libérale de son statut annoncé ici ou là pour la fin de l’année.

Si on peut craindre un démantèlement statutaire et l’apparition de règles locales de gestion des fonctionnaires, rien ne permet par contre d’affirmer en toute crédibilité que le gouvernement projetterait de se dessaisir de ses attributions sur la fonction publique d’Etat, et par la même sur les services publics, et de promulguer leur transfert total aux régions.

Le jacobinisme qui est au cœur de la construction de la République Française est en effet dans notre pays une valeur républicaine communément partagée entre les composantes politiques de droite et de gauche qui reste ,n’en doutons pas ,défendue par une majorité des élus nationaux de chaque camp.

Les propos qui visent à agiter le hochet, voire le repoussoir d’un transfert des PLP aux régions sont à ce jour sans fondement réel et purement spéculatifs .

Surtout pour accréditer et étayer la thèse d’une recomposition syndicale, qui plus est urgente !

Brandir le spectre d’un éclatement régional du corps des PLP s’inscrit dans une lecture du marc de café ou de la boule de cristal sans rapport avec la fiabilité d’analyse et le cartésianisme des arguments que requiert la disparition d’un syndicat national de cette importance, majoritaire dans son principal secteur de syndicalisation .

Il semble donc que les choix idéologiques constituent la seule approche réelle de la recomposition envisagée.

Celle ci pourrait être alors pour les dirigeants qui s’en font les chantres une commodité pour éviter de retrousser les manches et faire ainsi face à la réforme de la fonction publique et aux attentes nouvelles qu’elle va générer à l’égard des orientations, de l’activité, de la gestion et de la démocratie du syndicat.

Une opportunité qui pourrait être judicieuse pour se sortir du mauvais pas de la caution apportée à la disparition des BEP et à la destruction de la spécificité de l’enseignement professionnel, sous couvert de suivisme du ministre dans le dossier de la réforme du baccalauréat professionnel.

Pour éviter l’impasse,que ne ferait-on pas pour sauter le mur !

Agamemnon

Rapport du Comité et 77 propositions (29 OCTOBRE 2007)

http://www.comite-constitutionnel.fr/actualites/?id=48&page=1

Tableau comparatif et Synthése des 77 propositions (29 octobre 2007)

http://www.comite-constitutionnel.fr/actualites/?id=49&page=1

les 20 propositions de la commission BALLADUR(25 février 2009)

http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/politique/20090225.FAP7106/politique/


L’article ci-dessus fait suite aux textes précédemment publiés par ce blog

:

Tribune libre syndicale: décomposer au mieux pour mieux recomposer ?(23 février)

Recomposition syndicale: Une question trop conséquente pour laisser aux seules directions syndicales le soin d'en faire l'article! (17 février )°

TRIBUNE LIBRE : un projet de recomposition syndicale mesuré à l’aune d’épouvantails dialectiques (13 février)

Et aux articles de fond des 2 et 3  février :

Recomposition syndicale :ne pas se faire complice des fossoyeurs en herbe