vendredi 13 février 2009

TRIBUNE LIBRE : un projet de recomposition syndicale mesuré à l’aune d’épouvantails dialectiques

 

Ce texte fait suite aux articles publiés les 2 et 3  février :

Recomposition syndicale :ne pas se faire complice des fossoyeurs en herbe

Comités Techniques contre Commissions paritaires : le sens d’une politique.

Une refonte de la fonction publique est annoncée.

Elle prend aujourd’hui appui sur un projet de loi de révision des critères de représentativité syndicale, en cours d’examen, et sur l’objectif proclamé d’une réduction du nombre des corps et des cadres d’emploi .

Il s’agit dans une première étape de faciliter le remplacement de l’actuelle fonction publique par corps par une fonction publique « par métiers »  en attendant un démontage légal du statut annoncé pour la fin de l’année.

Prenant argument et prétexte de l’agitation présidentielle et gouvernementale autour de cette première étape de la refonte de la fonction publique annoncée par le président de la République ,la direction du SNETAA a officiellement fait état devant le bureau national de son intention d’engager, contrainte ou forcée,  le syndicat dans une recomposition syndicale par absorption dans une fédération réformiste dont le nom a même été ouvertement annoncé .

Ce faisant, elle spécule sur la méconnaissance par les militants et les adhérents du contenu réel des premières réformes annoncées pour tenter de récupérer à des fins propres les interrogations et l’inquiétude sur les dangers, qui se situent en réalité bien ailleurs, de la réforme annoncée.

La casse volontaire et sans réel motif d’un syndicat

Ce projet que la direction syndicale en difficulté mitonnait depuis plusieurs mois conduirait de façon radicale et incontournable, s’il se réalisait, à démanteler la fédération EIL, et à contraindre le SNETAA à s’autodétruire par dissolution dans un syndicat général existant dans la fédération mentionnée.

Il mettrait historiquement un terme à 50 ans de luttes syndicales pour défendre la spécificité de l’enseignement professionnel initial et ses dimensions socio-éducatives.

Il effacerait définitivement l’identité singulière de ses personnels et de leur corps.

Ce ne sont pas là des visions apocalyptiques mais des réalités du choix qu' il faudrait effectuer et dont chacun peut percevoir et mesurer la portée.

Mais chacun reste bien sûr libre de jouer à la roulette russe  avec l’intérêt des jeunes et des familles et les objectifs du système éducatif.

Après s’être engagée aux cotés du ministre dans une étape forte de démontage de l’enseignement professionnel public, la direction du SNETAA le devance maintenant pour effacer,à court terme et de son propre choix , la structure syndicale qu’on lui a confiée avec la mission d’en assurer le rayonnement,l’efficacité et le développement !

Ce syndicat qui à fait pendant plusieurs décennies la preuve de son efficacité au profit des personnels, des élèves, et des intérêts d’éducation et de formation de l’ensemble de la société !

L’annonce d’un projet de refonte légale des critères de représentativité des syndicats est brandie tel un chiffon rouge pour tenter de façon spécieuse d’accréditer l’idée que les prochaines contraintes légales déstabiliseraient le SNETAA de façon irréversible et qu'en conséquence on se devrait de préférer une disparition choisie à une disparition subie.

Un tel nihilisme est à contresens des réalités légales annoncées.

Vérité en deçà

...

Le blog a récemment consacré deux articles exhaustifs et détaillés au projet de loi sur la représentativité syndicale et aux orientations officiellement affichées par le gouvernement et la présidence de la république .

Pièces officielles à l’appui il a montré ,de façon détaillée et exhaustive, combien  le discours avancé était opportuniste et fallacieux.

Il a fait mention des textes , des déclarations et des rapports officiels quand il y faisait référence.

Chaque lecteur peut ainsi s’y rapporter.

(articles des 02 et à 03 février) :

Recomposition syndicale :ne pas se faire complice des fossoyeurs en herbe

Comités Techniques contre Commissions paritaires : le sens d’une politique. °

Il ressort de cette étude que loin de vouloir amputer, freiner ou contraindre la représentativité des syndicats ,le gouvernement entend la libérer totalement pour construire une réelle représentativité élective.

pour autant ,une telle concession à la démocratie est sans rapport  relève pas, par nature, avec un quelconque acte de générosité gouvernementale à l’égard des syndicats

Il relève en effet , à l' analyse d' un troc stratégique pour déplacer le modèle actuel de la fonction publique par corps vers celui d’une fonction publique par métier.

il s’agit de pouvoir par l’élection élargir le champ d’intervention et les responsabilités des CTP.

La majorité politique actuelle pourrait ainsi démonter demain, en toute apparence de démocratie, la stabilité de l’emploi et la structuration nationale des corps pour conjuguer précarité et mobilité et pour éclater la construction napoléonienne et républicaine de l’Etat par une territorialisation des unités, des pouvoirs, et des personnels.

C’est l’enjeu de la "refondation "légale en fin d’année du statut de la fonction publique.

Quoi qu’en disent les orfèvres du SNETAA de la recomposition syndicale, il ne sera dans ce cadre nul besoin pour le syndicat de se réclamer d’une fédération ou confédération à la représentativité irréfragable(cinq confédérations) ou de celle d’une reconnue dans la fonction publique(FSU, Unsa)

Tout syndicat ou toute fédération pourra en effet désormais présenter librement des listes aux élections aux CAP ou aux CTP dés lors que l’organisation aura déposé ses statuts depuis plus de deux ans , ce qui ,soit dit en passant, évitera les candidatures syndicales subites liées à des scissions protégées ou avalisées par les pouvoirs publics, à des ingérences partisanes ou à d’autres entrismes communautaristes ou politiques de toutes natures.

Il n’y a donc aucun péril syndical en la demeure de nature à conduire le SNETAA à se jeter dans les bras d’une fédération réformiste qui verrait ainsi lui échoir un syndicat qu’elle avait tenté en force de casser en 1992, au motif qu’il s’était refusé à elle sur un mandat référendaire de ses adhérents.

Il n’y a pas lieu de réécrire l’histoire pour mieux l’effacer !

Brandir le corps unique pour mieux s’y rallier et mieux le servir

La réussite incontestable et enviée de la construction du corps des PLP, grâce à l’action déterminante du SNETAA, a fait ombre, si ce n’est outrage, à d’autres directions syndicales dont le crédit est faible parmi les PLP.

Elle a marqué l’accés des professeurs de collège d »enseignement technique au rang de professeur de lycée et accru le niveau et la considération portés par la nation à leur enseignement et à l’enseignement professionnel.

On sait aussi qu’elle a entravé la mise en œuvre de certaines formes d’idéologies éducatives, unilatéralement proclamées progressistes.

On sait aussi que pour assurer la promotion matérielle des enseignants du primaire et leur considération sociale, une contre-offensive dialectique s’est alors organisée sous couvert d’un discours globalisant et sans fondement argumentaire réel sur un mythique "corps unique "des personnels enseignants.

Cette perspective du corps unique, opportunément brandie, en toutes occasions mais sans grand effet à ce jour, par les syndicats dits réformistes est opportunément promue par la direction du SNETAA;

Selon elle, le monde éducatif serait irrémédiablement en marche, au pas cadencé, vers le corps unique , c' est-à-dire vers la disparition du corps des PLP !

Le corps unique se voit ainsi, comme la représentativité, promu pour les besoins de la direction syndicale promu au rang d’épouvantail dialectique.

Elle en use, non pas pour en dénoncer la perspective, position que lui assigne les mandats du SNETAA, mais pour affirmer au contraire qu’elle est incontournable et apporter ainsi de l’eau au moulin de la recomposition qu’elle appelle de ses vœux  .

Il n’est nul besoin d’être grand clerc pour comprendre qu’un suicide du SNETAA aiderait puissamment les partisans du corps unique à réunir les conditions de sa construction et, pour inciter un gouvernement à le réaliser, à en livrer les soubassements idéologiques pseudo-unitaires et complaisants.

Faut-il quand on a les pieds sur terre rappeler prosaïquement qu’une construction mythique d’idéologie syndicale et partisane est sans rapport avec des axes de gouvernances et des choix de gouvernement !

Aucune majorité politique n’à jamais envisager de prendre la responsabilité insensée de mettre en œuvre d’un tel fantasme.

On ne trouve rien de tel dans les orientations gouvernementales annoncées ou dans le rapport SiILICANI sur l’avenir de la fonction publique dont les recommandations font autorité dans la construction de la politique présidentielle ou gouvernementale ;

On ne trouve rien de tel dans les orientations de LA LOLF ou dans les considérations du conseil économique et social.

C’est oublier un peu vite que tout pouvoir a besoin de diviser pour régner et de se garder des marges de manœuvres budgétaires et stratégiques ;

Aucun pouvoir ne peut abandonner le catégoriel et en cas de désaccord avec ses ressortissants affronter l’ensemble de ceux-ci en une seule fois !

Il suffit de comprendre qu’avec un corps unique 1O00 € d’augmentation par enseignant et par an feraient budgétairement 8OO millions d’euros et en cas de refus 800 000 mécontents soit la population d’un grand département ;Autant dire qu’on aurait toutes les chances de n’avoir pour bienfait du corps unique que peu de choses pour chacun ou beaucoup pour certains privilégiés cooptés !

Faut-il ajouter que réaliser le corps unique serait la meilleure méthode pour n’avancer sur rien en terme revendicatif. ll suffit pour s’en convaincre de mesurer l’absence totale de fruits depuis toujours de la négociation salariale sur la valeur du point dans la fonction publique !

. Sauf à s’engager dans un éclatement territorial disparate de ce corps unique, et dans une gestion par des CTP académiques, départementaux ou locaux !.

Il n’apparaissait pas jusqu’à présent que le SNETAA était prêt à accepter une telle orientation réformiste que ses mandats refusent !

Un seul corps et un seul métier d’enseignant de la maternelle à 2ans à la terminale à 18 ans, voire à bac +2 à 20 ans !

Pour une conception unitaire et globalisante du système éducatif qui enfermerait dans un carcan uniformisant prés de 800000 enseignants, contraints à se plier et à revendiquer au pas cadencé d’une bienfaitrice pensée syndicale unique !

Quelle belle ambition pour une recomposition qui se garde bien de s »expliquer sur les avancées dont pourraient bénéficier dans ce cadre les PLP !

C’est une perspective pour les PLP, voire une contrainte, dénuée de sens et de fondement si on la mesure à l’aune de la conception du projet politique d’une fonction publique par métiers : flexibilité et mobilité accrues , précarité de masse, , salaire et carrière au mérite personnalisés et fixés par la hiérarchie directe, verticalité renforcée et service des personnels  polyvalent et élargi.

Sauf si le gouvernement voyait dans le corps unique le moyen de parvenir à ses fins !

On aurait alors devancé l’appel et fait une nouvelle fois un choix de complaisance.

Au galop du réformisme que devront en outre entériner les adhérents et responsables du SNETAA ?

Pour être digne de l’appellation de réformiste, être reconnue par ses pairs syndicaux et justifierde la carte et du label qui lui seront délivrés la direction syndicale du SNETAA renie au pas cadencé les mandats de l’organisation.

Après avoir célébré le démantèlement du BEP et celle de la quasi-totalité du niveau V ,après avoir démonté et dénaturé le bac professionnel rt démoli ainsi les bases de reconnaissance de la spécificité de l’enseignement professionnel, la direction syndicale propose apparemmentet de fait d’engage le syndicat dans une célébrations prochaine du corps unique ;

La recomposition syndicale y pourvoirait mieux que le choix des adhérents ;

On peut s’attendre dés lors qu’elle également à court terme progresse vers la reconnaissance de l’apprentissage sous statut scolaire, celle du lycée desx métiers et la célébration d’un service de l’enseignant proche du préceptorat et du prothésiste social dans laquelle les missions d’enseignement et de formation seraient réduites à néant.

Il n’y aurait alors plus de mandat du SNETAA .

Mais en quoi cela serait il génant puisqu’il n’y aurait plus de syndicat et donc plus de mandats ?

Si ce n’est ceux élaborés par d’autres dans une autre structure syndicale !

B .PABOT

Secrétaire Général du SNETAA de 1992 à 2004