vendredi 27 mars 2009

L’implosion et la scission sont au rendez-vous de toute recomposition syndicale. Le démantèlement ou la disparition du syndicat sont à celui de la ré-affiliation.

La direction du SNETAA réfléchit à un projet de ré-affiliation syndicale .

Le présent blog a établi qu’un tel choix ne reposait sur aucune contrainte nouvelle ou conjoncturelle et qu’il s’agissait donc d’une réflexion pour une nouvelle orientation syndicale « à froid ».

Témoin et acteur d’une histoire syndicale marquée par des implosions et des scissions, pour le SNETAA ,comme pour bien d’autres syndicats, il m’apparait clairement et en toute lucidité d’arguments, qu’une fuite en avant de la direction syndicale vers une nouvelle affiliation ,d’essence réformiste donc idéologique, se solderait inévitablement par sa disparition ;

Les dégats seraient alors irréversibles .

Je crois de mon devoir de militant syndical à jour de 35 ans d’adhésion de tirer la sonnette d’alarme et de m’en expliquer ci-dessous.

BERNARD PABOT

Secrétaire général du SNETAA de 1992 à 2004 ;

I Implosion et scission : notre devoir de mémoire

Le SNETAA auquel j’ai demandé pendant 35 ans de valoriser mes choix de solidarité de citoyen, professionnels et sociétaux, a connu deux recompositions syndicales pilotées en application de choix qui n’étaient pas les siens, et auxquels des forces intérieures minoritaires dans le syndicat avaient apportées leur concours.

Le syndicat ne les a pas choisies.

Il a pourtant subi en retour les effets, désastreux pour les adhérents et pour la force de l’action syndicale , des deux scissions qu’elles lui ont imposées.

Les concours scissionnistes , respectivement apportées par une partie des forces du SNETAA à sa disparition , programmée par la direction de la FEN ,puis à la direction de la FSU pour exclure le SNETAA de ses rangs, ont permis au SE puis au SNUEP de s’inscrire parmi les syndicats de l’enseignement professionnel et de lui porter concurrence pour l’affaiblir .

A ) L’implosion de la FEN, naguère modèle pertinent de pluralisme, a été orchestrée pour donner naissance à une nouvelle organisation politiquement monothéiste : l’UNSA.

Pour qui connait l’histoire et sait lire entre les lignes, cette recomposition est aujourd’hui encore présentée dans sa dialectique, comme un rempart historique rendu nécessaire par la perspective d’un basculement de la FEN dans le giron communiste .

C’est ainsi que les auteurs percevait, et perçoivent encore, la perspective d’un accès démocratique à la majorité de la tendance Unité-action en son sein ;

Au nom de la pureté idéologique des mœurs et des choix syndicaux, le SNES et LE SNEP ont été exclus de la FEN.

La majorité fédérale a alors pu , ipso facto, récupérer leurs champs statutaires de syndicalisation sur les lycées et promouvoir le Syndicat des Instituteurs (SNI)comme syndicat obligatoire d’accueil de tous les enseignants  dans la FEN..

Le SNETAA, dont le champ de syndicalisation était également convoité, a ensuite été rayé de la liste des syndicats de la fédération par un simple jeu d’écriture et sans autre forme de procès.

Dans cette conception d’une démocratie obligée, et sur les ruines de la liberté de rassemblement et de construction syndicale, les auteurs de la recomposition ont alors, avec l’appui d’une fraction du syndicat, sommé les adhérents du SNETAA de rejoindre le nouveau syndicat général des enseignants (SE)..

Sans barguigner, et en piétinant sans aucun égard démocratique le chois référendaire de maintien du SNETAA  qu’ils avaient préalablement et majoritairement émis !

La recomposition, remède aux maux syndicaux a, in fine tué le malade qu’elle prétendait guérir des excès de la démocratie  : la FEN, une des plus grande et des plus vivaces force syndicale de notre pays.

Mais il reste toujours aujourd’hui pour certains syndicalistes malséant de parler de l’exclusion du SNES et du SNEP !

On lui préféré le mot plus lisse de départ !

Il serait toujours malséant de parler d’implosion et encore plus de la lier à une recomposition idéologique  ou a une vision singulière de la démocratie !

Il serait malséant enfin de parler de rupture de l’unité alors qu’on a organisé ainsi la scission de nombre de syndicats et qu ’en retour on professe les vertus du « syndicalisme rassemblé » !

La recomposition de La FEN a nourri l’implosion des valeurs et des structures, la division des adhérents syndicaux, la scission et l’éclatements des structures syndicales .

L’UNSA , née des cendres de cette folie, n’ est encore à ce jour , n’en déplaise ,qu’une ombre portée sans grandeur et étriquée de la FEN à laquelle elle a attentée .

Aujourd’hui le syndicalisme « rassemblé »,proclamé « réformiste » et pour qui veut bien y croire « indépendant » de tout crédo et de tout alignement idéologique , serait ,à entendre ses troubadours le nouveau remède miracle contre la baisse d’audience du syndicalisme et la chute des effectifs syndicaux ;

L’outil le plus efficace pour une lutte contre les excès des gouvernements et des forces politiques au pouvoir !

En d’autres termes plus objectifs, le syndicalisme unifié nouveau modèle de la démocratie unique syndicale , serait paré de tous les atours de séduction de la solidarité, dés lors bien sûr qu’il serait orienté et piloté par ceux qui font l’article de ses vertus …et par eux seuls !

Il faut sans doute voir dans ces évocations quelques une des raisons qui ont conduit récemment , des troupes de la CFE-CGC, en nombre significatif, à se dresser contre la perspective de fusion avec l’UNSA que des dirigeants leur mitonnait depuis plus d’un an .

Des adhérents en nombre significatifs ont dit non !

Face à la menace d’implosion de la confédération, sa direction a quant à elle préférer faire acte de syndicalisme et de démocratie ,et reculer.

Sous les reproches, voire les quolibets de L’UNSA dont nombre de dirigeants ont démontré devant l’histoire qu’ils n’en étaient pas pour le syndicalisme rassemblé à une scission prés !

B) Bis repetita placent…

La FSU, pourtant née des implosions des syndicats de la FEN, n’ a pas fait non plus l’économie sur le dos du SNETAA lui-même de la recomposition syndicale normative .

C’est la façade à l’ombre d’une structure syndicale, entièrement tournée lors de sa création ex-nihilo, à l’exemple de la FEN en 1947, vers la promotion d’une unité syndicale de combat ancrée sur les adhérents de ses syndicats et ouverte à toutes les composantes de pensées ou idéologiques présentes dans le monde syndical ;

Au début de la décade syndicale, quelques années à peine après sa création, la FSU a avec le concours d’une fraction interne du SNETAA à demandé à la justice d’exclure leur syndicat de ses rangs.

Elle l’a remplacé aussitôt par une nouvelle création syndicale, le SNUEP à partir de ses affidés en délicatesse avec le SNETAA qui lui ont aussitôt prêté allégeance.

Eu égard à son discours sur l’unité, et pour s’éviter toute culpabilisation dans les débats internes, sa direction s’est dispensée pour ce faire et sans grand égard démocratique, de toute consultation des adhérents de la fédération et de tout vote explicite des instances fédérales.

Il est vrai qu’exclue de la FEN quelques années auparavant, sa majorité se trouvait en difficulté à son tour, pour expliquer à ses mandants qu’elle entendait faire de même à l’encontre du SNETAA !

FSU ,FEN mêmes choix ,même folie !

Fort de la confiance de ses adhérents et des personnels de son secteur de syndicalisation, le SNETAA et Autrement, principale minorité fédérale, représentaient en effet au sein de la FSU des contre pouvoirs puissants et agissants

.Ils entendaient faire acte de régulation démocratique face à certaines orientations et à certains choix trop idéologiques alignés, sans rapports réels avec la défense des intérêts des mandants syndicaux ou avec la nécessité d’une action syndicale .

Trop sans doute et avec trop de crédit !

Dans sa normalisation démocratique, la FSU a détruit son image séductrice de construction syndicale solidaire , même si ses slogans ont encore la vie dure §

Elle a vu se ternir ses galons, chaudement conquis, de FEN historiquement poursuivie sur les valeurs syndicales de cette dernière de pluralisme et d’unité .

C) La recomposition a enterré en son sein, comme dans celui de la FEN , l’accueil de la diversité et son respect par le droit pour ses composantes et ses structures à une expression en toute liberté et à une action en exécution de la volonté majoritaire de leurs mandants.

Mais au fond, n’est ce pas là la mission réelle de la recomposition  : satisfaire des intérêts particuliers pour assurer leur hégémonie ?

N’est ce pas là en contrecoup la raison pour laquelle tout changement d’affiliation fédérale, dialectiquement imposé à un sérail ou subtilement contraint, enfante dans la douleur de l’implosion, de la scission, ou de la désagrégation syndicale ?

Implosion, scission, désagrégation ou démantèlement des syndicats sont alors logiquement inévitables e ;

Ils sont même parfaitement justifiées  sur les fondements même du droit et de la liberté des syndiqués, individuellement ou en groupe, à disposer de leurs choix syndicaux.

Changer volontairement et brutalement les repères et les valeurs d’une organisation syndicale est à chaud  une folie, dont la légitimité pour certains des acteurs s’apprécie à l’aune des avancées possibles pour leurs choix idéologiques.

C’est à froid un suicide de l’organisation quand il n’y a aucun motif collectif réel et rationnel qui puisse en tous cas pousser à jouer les apprentis sorciers avec le démantèlement syndical et à réaliser inévitablement en force l’irréversible .

Mais il y a aussi en ce domaine pour les dirigeants, hélas, place pour les intérêts particuliers et pour leur facturation à autrui .

II Changer l’affiliation du SNETAA ou programmer sa disparition avec un transfert des adhérents ?

1°Lors de ses deux changements d’affiliation fédérale, tous deux contraints, le SNETAA a sauvé sa structure syndicale, dés lors que dans les deux cas il participait à la construction d’une structure fédérale nouvelle et s’y affiliait : la FSU, puis EIL.

A supposer que EIl s’auto-dissolve ou que LE SNETAA modifie de lui même son affiliation, ce qui ne saurait être réalisé à la hussarde :

* compte tenu du respect, syndicalement et judiciairement, incontournable des statuts et des règlements intérieurs respectifs d’EIL et du SNETAA,

*Compte tenu dans tous les cas de figure de la nécessaire consultation réglementaire des adhérents du SNETAA ou de l’exigence d’un accord majoritaire de chacun de ses conseils académiques,

il faudra, sauf à rester autonome, quémander l’entrée dans une autre fédération ;;

Avec quel rapports de forces, quelles propositions, quelles offres, pour quels mandats ?

Mais aussi pour ce nouveau choix d’affiliation, avec quelle nouvelle consultation référendaire des adhérents, c'est-à-dire quel débat public interne préalable et contradictoire dans la presse et les instances ?

2°Chacun doit en outre savoir que le principe même d’édification d’une fédération syndicale est de construire une solidarité entre ses syndicats et de leur offrir ce faisant des garanties et des points d’appui pour le développement de leur syndicalisation, de leur présence et de leur action .

C’est la raison pour laquelle il est exclu qu’il y ait dans la même fédération deux syndicats en concurrence interne et externe sur le même champ d’activité.

C’est le principe universel du champ de syndicalisation qui n’autorise la présence que d’un seul syndicat par champ électoral(CAP de corps) ou par domaine d’activité (syndicats généraux d’enseignants)

C’est un principe légal qui interdit lors d’une élection que deux syndicats se réclament tous deux de la même fédération.

La Fédération se substitue à ses syndicats lorsque le champ électoral est transversal(CTP) .

Elle y dispose de l’autorité nécessaire pour organiser à sa guise et en application de ses statuts, la coordination des syndicats, le contenu et l’application des mandats .

VERS qui le SNETAA peut-il se tourner ?

Fsu, Unsa-education CFDT, FERC -CGT ,FO ;… ?

Du SNUEP au SE, DU SGEN au SNFOLC….. ?

Toutes ces fédérations disposent déjà de leur syndicat de l’enseignement professionnel  mais également de leur des lycées .

ELLES ne peuvent donc pas accueillir un nouveau syndicat en tant que SYNDICAT ;

Il n’y a donc aucune possibilité de ré affiliation syndicale !

Le SNETAA nedispose donc que d’une seule liberté :

Celle de transferer à une autre fédération et donc à un autre syndicat, le portefeuille de ses adhérents ;

Sauf si un syndicat fédéré de l’enseignement professionnel accepte de FUSIONNER AVEC LE SNETAA ET D’EN PORTER LE NOM ET LES MANDATS

ET POUR CELA DE SE DISSOUDRE ?

QUI SERAIT TENTE PAR UNE TELLE FOLIE ?

4° LE POIDS DE l’EVIDENCE

IL N’Y A DONC POUR LE SNETAA, ET EN TOUTE RATIONALITE, AUCUNE POSSIBILITE REAFFILIATION SYNDICALE POSSIBLE.
Il DISPOSE TOUT AU PLUS DE CELLE UN DEMANTELEMENT PAR DISSOLUTION ET D’UNE RECOMMANDATION AUX ADHERENTS POUR REJOINDRE UN AUTRE SYNDICAT.

LA REAFFILIATION A FROID ET VOLONTAIRE DU SYNDICAT DANS UNE FUITE AVEUGLE DE L’ACTUEL NE PEUT DONC ËTRE POUR CEUX QUI S’EN RECLAMENT QUE LE CHOIX IRREVERSIBLE ET NON CONTESTABLE DE LA DISPARITION PROGRAMMEE DU SYNDICAT

En d' autres termes,  il n' y a pour le maintien du syndicat de sortie à l' autonomie que dans le maintien de l' autonomie

Tout projet de réaffiliation doit donc être abandonné au profit de la mobilisation active des ressources de l'organisation.

B .PABOT

Secrértaire général du SNETAA de 1992 à 2004 ,

Et à ce titre,

Fondateur de la FSU et membre de son secrétariat national de 1993 0 1999

Fondateur d’EIL et secrétaire Général de 2000 à 2005