jeudi 10 janvier 2008

un devoir de mémoire

Extrait de L' Apprentissage Public, revue nationale du SNETAA n448"la mort annoncée du BEP" page 14

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LE BAC PRO 3 ANS : trois enjeux économiques

L' expérimentation des Bac pro 3 ans s' accélère à mesure que la
mise en place de nouveaux flux d' élèves pour les poursuites d' études supérieures se réalisent.

Le SNETAA réaffirme son opposition au principe, au fond et aux conditions de la mise en place de l' expérimentation du Bac Pro 3 ans. Tout est fait pour étendre l' expérimentation, pour en dégager les conditions de sa réussite sur les secteurs porteurs, pour généraliser les sections de Bac Pro 3 ans. Reste qu' il ne suffira pas d' affirmer que les élèves de 3e recrutés dans ces sections pourront s' affranchir d' un BEP ou d' un CAP : l' originalité et la réussite du Bac Pro tient à ce qu' il s' agit d' une seconde qualification de niveau IV pour les jeunes.

Les contrôles du niveau des élèves qui seront orientés ne sont même pas mentionnés. Les contenus de formation, leur validation, et leurs objectifs en matière d' insertion et de poursuite d' études sont à peine effleurés. En tout état de cause, le Ministère semble justifier ces Bac pro 3 dans une perspective de poursuite d' études en STS. Qu' adviendra-t-il, dès lors, du BEP et du Bac pro comme diplômes ?

Dans la perspective de la relance du Lycée des Métiers, le SNETAA note que la circulaire de rentrée ouvre le champ à toutes les expérimentations possibles dans la temporalité des formations niveau V - Niveau IV (BEP, Bac Pro)! Ainsi donc, les académies devront aussi bien généraliser le couple BEP-Bac Pro (poursuites d' études), expérimenter les Bac Pro 3 ans (y compris dans le tertiaire), multiplier les passerelles par des formations en 1 an (BEP ou Bac Pro) pour les élèves de la voie générale, mal orientes, en situation d' échec. Sur ce dernier point, le SNETAA est demandeur d' explications sur l' opposition que présente la circulaire entre orientation et réorientation : une orientation qui doit correspondre aux seuls besoins fixés par le PRDFP et une réorientation qui peut satisfaire les vœux des jeunes lycéens, mal orientés, en situation d'échec dans les voies générales ou technologiques.

Ainsi, le premier enjeu économique réside dans la disparition de structures d' enseignement professionnel clairement identifiées, permanentes, fiables, mais dont les besoins en moyens horaires et pédagogiques sont importants.

Le deuxième enjeu de ce bac pro en 3 ans est que, pour l'heure, et pour probablement encore longtemps, il n' entraîne aucune modification des référentiels actuels. Le SNETAA EIL n'est d'ailleurs pas demandeur. Le Ministère non plus, à ce qu' il dit ! Pendant ce temps, l' expérimentation des Bacs pro 3 qui touche maintenant le tertiaire s' étend, augmente à proportion que les horaires d'ensei­gnement non remaniés sont dilués dans le cadre d'une année supplémentaire. Un même horaire d' enseignement général et surtout professionnel répartit sur 3 années au lieu de 2, dans le cadre de la nouvelle autonomie des établissements, c' est une sérieuse économie ! Quant à la pédagogie, à la faisabilité professionnelle et à l' avenir des jeunes, on en reparlera.

Le troisième enjeu économique tient à la mise en place de ce bac pro 3 organi­sée par le Ministère, la DESCO et... l' UIMM (Union des Industries Minières et Métallurgiques, branche "armée" du MEDEF et qui a arrosé de pub un grand nombre de journaux syndicaux dont ceux du SNES et de la FSU). Cette main mise patronale accompagnée de décisions fortement décentralisées risque de mettre un terme à la préparation et à l' organisation nationale, dans le cadre des CPC, des futurs diplômes de la voie professionnelle et de la voie technologique : probablement, le summum de l' adéquation "formation-emploi" rêvée par le patronat, mais aussi par un grand nombre de partenaires sociaux.