mercredi 16 janvier 2008

BAC PRO EN 3ANS: Oublier l' histoire et en changer le sens?

 

DOSSIER

Diviser pour régner

Le débat ouvert par le MINISTRE de l’Education pour généraliser le développement des Bacs Pro en trois ans dont l’expérimentation a eu ,à plusieurs reprises depuis 2000, maille avec la justice et le protocole auquel il a donné naissance, avec l’appui remarqué du SNETAA, ne sont pas sans interroger dans le monde des personnels de l’enseignement professionnel

on peut lire des contestations ,parfois même virulentes comme « A la mode des protocoles pourris, le SNETAA ne vaut pas mieux que le Snuipp »( www.syndicalisme.wordpress.com).

Il y aurait mêmes de la démission syndicale dans le champ du débat.

L’heure n’est pas à la convergence et à l’unité.

Le ministre est ainsi parvenu à diviser durablement les organisations syndicales, pour le moins jusqu’à l’échéance des prochaines élections professionnelles.

Diviser pour régner est une des stratégies des protocoles ,lorsqu’on sait choisir son moment

Elle a porté ses fruits

En bref ,il n’y a pas de quoi satisfaire une âme syndicale bien née ou bien trempée !

Il est vrai que de surcroît le paraphe protocolaire du SNETAA l’a conduit non seulement à prendre le contre pied de ses mandats actuels(voir les articles déjà publiés dans Point de Vue), mais aussi à tourner le dos à son histoire en révisant le sens de sa participation à sa rédaction

 

Le SNETAA à contre-pied de ses mandats

*On peut lire par exemple dans la motion « enseignement professionnel et projet d‘école rapportée par JP ARDON au XXXIII° congrès du SNETAA(mai 2004), votée à la quasi unanimité des militants et responsables

« La perspective du Bac Pro 3ans, 3ans à la place de 4 il fallait y penser , est un cheval de Troie de l’option du sempiternel Bac traditionnel « ,option professionnelle.» On y voit bien le retour ,comme le voulait déjà MERIEU, du bac à options industrielle, commerciale ou métiers d’art. Cette dérive relevant d’un pédagogisme dogmatique avait été retiré par un précédent ministre sous la pression du SNETAA .

C’est donc non au BacPro 3ans.

.La disparition du Bac Pro 2ans mis aussi du BEP, voire des CAP y donnant accès ,est un risque important.

Ces réformes pédagogiques débouchent sur une volonté d’affaiblissement du lycée Professionnel »

*Adoptée par128 voix contre 1, la résolution générale du Conseil National Elargi (CNE) du SNETAA d’avril 2003 mêlait à juste titre la question du lycée des métiers et celle du Bac Pro en 3ANS qui en est le fondement.

Elle dénonçait: « l’hypothèque de la  mécanisation des parcours éducatifs vers le BAC par rapport à la volonté croissante d’un certain nombre de jeunes de choisir des formations courtes dans un parcours éducatif conçu par étapes.

Le Lycée des Métiers est le vecteur de la dualisation du cursus d’enseignement professionnel marqué par un niveau V(CAP pou BEP) en 2ans et un niveau IV(Bac Pro) en deux ans. Ce schéma pédagogiquement viable est menacé par le Bac Pro 3 ans, par ailleurs reconnu par la justice administrative non conforme aux textes réglementaires actuels.

LE CNE condamne avec la plus grande fermeté chacune des expérimentations académiques en matière d’implantation du Bac Pro en 3ans après la troisième. C’est remettre l’éducation aux mains du secteur privé :en l‘occurrence, remettre l’Enseignement Professionnel Industriel aux appétits de l’UIMM ».

 

RENOUER AVEC L'HISTOIRE et par son entremise comprendre la pensée et les choix du SNETAA

Le lecteur soucieux d’une histoire syndicale et d’une culture dont le privilège de la jeunesse ne lui a pas permis d’être acteur, trouvera dans les textes récents publiés cette année par le blog, mais également dans ceux publiés en décembre 2007 (cliquer dans la colonne de droite sur ARCHIVES), des repères fiables pour juger de la pensée et des choix de notre syndicat avant la récente signature à contre-culture du protocole ministériel sur les BACS PROS en trois ans.

Pour autant, les témoignages d’analyse développés ci dessous sont également essentiels, en ce qu’ils en expliquent la charpente et les motivations;

Les considérants syndicaux sur les Bacs Pro 3 ans peuvent en effet être lus au travers de trois débats historiques 
I L’appellation bac, et le diplôme unique, fer de lance du lycée unique et de la perspective d’un naufrage annoncé de la spécificité et des structures propres de l’enseignement professionnel.

2 l’expérimentation, force de frappe de la dérèglementation et de la mise en œuvre d’une politisation des choix éducatifs, outil d’une gestion circonstancielle des moyens.

3 le transfert de la formation professionnelle initiale vers l’apprentissage en raison du refus du système éducatif d’ouvrir ses portes à la préparation en son sein à la professionalité.

 

LE Bac PRO : aspirations ou réves multiformes à un statut de plus grande convenance sociale ?

L’appellation BAC est née en 1985, en corollaire de l’élitisme républicain de MR CHEVENEMENT.

Elle a été renforcée en 1989 par la rhétorique sur la disposition phare de la loi d’orientation sur l’école « La nation se fixe comme objectif de conduire d’ici dix ans l’ensemble d’une classe d’age au minimum au niveau du certificat d’aptitude professionnel ou du brevet d’études professionnelles et 80% au niveau du bac »

.C’est cet objectif aujourd’hui obsolète que certaines organisations et certains militants engagés tentent de faire rebondir pour donner une légalité au dérapage insidieux vers 1OO% au BAC !

Chacun comprend que l’effet immédiat d’une telle évolution, si elle prenait corps, serait de poser le débat qu’attendent ceux qui en sont à la source : celui de la réunification des bacs en un seul à option ,pilier d’un lycée réunifié .

C’est bien, semble t il, le chemin emprunté par le ministre dans sa déclaration du 06 septembre 2007 : « le baccalauréat professionnel est un véritable baccalauréat et doit être valorisé .C’est pour cela qu’il doit être préparé comme tous les autres baccalauréats »

Position idéologique, d' ailleurs  immédiatement battue en brèche par sa proposition de ne réserver l’accès aux BTS qu’aux seuls BAC PRO titulaires D’UNE MENTION !.

C’est bien le chemin emprunté par le ministre dans la perspective qu’il construit vers une liquidation du niveau V dans Les LP pour en confier le monopole de préparation à l’apprentissage.

Ce serait alors la réédition de l’opération collège unique ,avec l’externalisation progressive vers l’apprentissage d’un pan entier de l’enseignement professionnel devenu une coquille vide grace à la fermeture des BEP et l’extinction qui s’en suivrait de l’orientation vers ces formations.

Ce serait la réduction conséquente de l’ effectif total des lycées professionnels ,la baisse conséquente du nombre de PLP et l’affaiblissement programmée de la force de leur corps placé dans le lycée unique en position de faiblesse d’affrontement avec les certifiés,

N’en déplaise à ceux qui dénoncent la « désinformation », Il semble clair que les propositions actuelles sur les Bacs Pro en 3 ans participent de ce chemin vers le lycée unique et portent en germe le démantèlement des Lycées professionnels

Historiquement l’appellation BAC, distincte du choix unanime de conduire l’enseignement professionnel au niveau IV, et les risques d’une telle dénomination ont fait l’objet d’un premier débat de fond dans le SNETAA lors du CONSEIL national de BELLEGARDE dans les années 1985.

Nombre de militants percevaient déjà que l’approche CHEVENEMENT ouvrait en particulier la voie vers un enseignement professionnel a deux vitesses.

En dépit des revendications du SNES et de la CGT de l’époque pour un statut de »prof de lycée à part entière ,c’est a dire un corps unique de certifié, la réforme préserva heureusement la spécificité des enseignants du secteur.

Mais elle consacra un corps à deux grades étanches, rompant avec l’unité du corps précédemment recherchée et obtenue par les personnels.

Il fallu ensuite au SNETAA 15 ans de combat pour restaurer l’unicité du corps et compenser sa cécité excessivement volontaire de 1985.

Il est vrai qu’à Bellegarde le secrétaire pédagogique de l’époque, proche de la direction de la FEN et à mon sens insuffisamment vigilant sur l’indépendance syndicale, avait pesé de son crédit en exploitant le dogme selon lequel professeur de lycée et encore plus prof de bac, cela sonnait bien pour les cartes de visites, pour les revendications, et dans de nombreuses têtes …..

Suffisamment pour balayer les interrogations sur le financement de la réforme qui se fit à coup de suppressions massives et discrètement programmées de CAP TROIS ans, assurant leur transfert vers un apprentissage promu monopolistique sur ce diplôme et autorisant ce dernier à se construire un véritable secteur réservé;

Suffisamment pour que s’ouvre quelques années après le concept rhétorique d’un BEP consacré et proclamé, propédeutique du baccalauréat

Au bilan 100 000 élèves de moins pour un enseignement professionnel qui s’est ensuite vu interdire de les reconquérir

.Le basculement aujourd’hui des Bacs PRO en 4ans vers des Bacs en trois ans annonce une nouvelle chute globale d’effectif de l’enseignement professionnel qui pourraient être d’une importance similaire. Le rapport de force critique avec l’apprentissage pourrait alors être durablement et significativement modifié au point de s’interroger sur son retournement

De ce point de vue, une fois encore, les cris d’orfraies poussés ici ou là sur la « désinformation »ne sauraient masquer des réalités à venir incontournables. si ce n’est pas inéluctables

 

Puis survint JOSPIN et l’ambition généreuse et humaniste des«  80%au bac », activement soutenue par la FEN, notre fédération de l’époque.

Elle donnait certes au BAC PRO des lettres de noblesse dans un engagement collectif national qui ne pouvait pas être atteint sans son apport.

Elle renvoyait à une perspective de démocratisation avec la perspective d’une massification vers l’université .

Pour autant elle construisait et nourrissait, ce faisant,  contre l’enseignement professionnel l’idée selon laquelle il n’y aurait que l’enseignement supérieur pour délivrer les compétences et certifier les qualifications en direction de l’emploi ;

Elle renforçait ainsi les bases de sa déconsidération et de son rejet social.

Jospin n’a donc trouvé dans le SNETAA lors de la loi sur l’école qu’un soutien modéré. voire réservé

Se prononçant sur la loi d’orientation Michel CHARPENTIER Secrétaire Général écrivait notamment dans son éditorial de L’Apprentissage Public de mai 1989 :

« On serait en droit d’attendre du projet de loi qu’il apporte des réponses précises à des questions essentielles :

QUELLES sont les responsabilités et les compétences de l’éducation nationales dans la formation professionnelle des jeunes ?

COMMENT s’articule le passage du collège au lycée professionnel?

QUE seront les lycées de DEMAIN ? L’intention du ministre est-elle de consolider les trois voies de formation actuelles(lycées d ‘enseignement général ,lycées technologiques ,lycées professionnels )ou au contraire d’aller vers des lycées polyvalents qui nieraient la spécificité des lycées professionnels et accentueraient la déprofessionnalisation de l’Education Nationale au profit de l’apprentissage?

La spécificité de la filière professionnelle qui n’exclut évidemment pas des échanges avec les autres lycées par des classes passerelles est en effet une condition primordiale pour l’avenir.

La réponse à ces questions a été soigneusement évitée….

Pour ces raisons, le SNETAA a voté en abstention sur le projet de loi lors de la séance du conseil supérieur de l’Education Nationale."

On connaît la réponse qui fut ensuite apportée :la disparition des lycées techniques, l’offensive de création des lycées polyvalents, le chemin détourné du lycée des métiers pour intégrer l’apprentissage.

Le débat d’aujourd’hui donne le sentiment fort que les questions au fond soulevées par Michel Charpentier, il y a prés de 20 ans restent posées et que l’histoire repasse à nouveau les plats.

 

Trois ans plus tard, les plus chauds partisans SNETAA de la loi, dont le secrétaire national pédagogique ont fait scission lors de l’explosion de la FEN en 1992 pour rejoindre le SE ,créé pour la circonstance;

Le ver était dans le fruit et nombre de militants du SNETAA savait que nous ne manquerions pas d’avoir à espaces réguliers des retrouvailles de conflit ;

Suppression définitive des cap,fermeture des 4° technologiques « trop professionnalisées par les collègues et insuffisamment polyvalentes », suppression de l‘orientation en 4°pour nourrir la massification du lycée;

Cheminement vers le lycée unique par la transformation de LP en lycée polyvalent ;

Regroupement du professionnel et de l’apprentissage dans les lycées des métiers;

Premières offensives contre le BEP puis contre le BAC PRO

Autant de combats qui n’ont pas cessé depuis , et dont l’enjeu est de plus en plus perceptible même pour ceux  qui ne veulent ni  voir ni entendre;

IL s’agissait tout simplement de maintenir un service public de l’enseignement professionnel et de l’education aux métiers.

Nul ne pensait tout de même que la loi quinquennale de 1993 contre laquelle le SNETAA appela à la grève et le nouveau contrat pour l’école de F.Bayrou de 1994 contre lequel il ferrailla, leur donnerait autant d’acuité et d’ampleur.

 

Front commun gauche-droite pour un retour de l’apprentissage

Obsédée par le dual -système allemand Mme Creysson entendait mettre 500000 jeunes en apprentissage et imposer la création de centres d’apprentis dans les lycées professionnels.

C’était sa conception du Modernisme !

Elle n’aura fait que permettre aux pouvoirs nés de l’alternance politique de 1993 de dérouler une nouvelle et violente offensive contre l’enseignement professionnel public.

Ouvrant le tir dans son livre blanc publié au printemps 1993, le CNPF déclarait publiquement : « l’entreprise a probablement eu tort, après la deuxième guerre mondiale, de renoncer à intervenir dans la formation professionnelle ».

Le propos renvoyait clairement à la naissance au terme de la guerre d’un système de formation professionnelle initiale, abandonné par le patronat à l’Etat en raison de son coût et des nécessités des reconstructions industrielles et économiques.

S’en suivit une loi quinquennale sur l’emploi et la formation professionnelle dont le titre III relançait l’apprentissage par l’ouverture de sections d’apprentissage dans les établissements publics ou prives

Il s’agissait purement et simplement de détourner au profit de l’apprentissage les capacités de formation du service public d’enseignement professionnel et de le mettre en tutelle par le canal du rattachement à des CFA des sections ainsi ouvertes.

C’est aujourd’hui partiellement réalisé.

Le SNETAA dénonçait alors « la plus grave menace sur les formations professionnelles et technologiques, du CAP au Diplome d’Ingénieur, que les personnels aient connues depuis la signature de l’accord des partenaires sociaux de juillet 1070 et la loi de juillet 1971"

IL écrivait notamment : « jamais le législateur n’avait envisagé d’aller aussi loin dans la volonté de détourner les compétences et les capacités du service public de formation professionnelle initiale pour assurer le succès idéologique et politique d’une filière de formation totalement dépassée et déconsidérée : l’Apprentissage ».

On sait aujourd’hui le chemin accompli par l’apprentissage avec de multiples concessions publiques matérielles et idéologiques des responsables de l'Education et parfois même de la part  des enseignants du services public d Education qui se targuent le plus d’humanisme.

Augmentation d’effectif, quasi monopole des préparations au cap, construction monopolistique d’une filiére CAP -brevet professionnel au niveau IV grace la modification complaisante de la réglementation du brevet professionnel, l’apprentissage trace son chemin.

 

Démonter les contre-vérités 

Demain l'apprentissage pourra dispose de plein droit réglementaire de la préparation  du Bac Pro en 3ANS ,comme seconde voie de plein exercice de préparation du niveau IV par l’apprentissage... au prix d'une dégradation de la formation des jeunes confiés par les familles au service public d'Education;

La question du BAC Pro en trois ans est en effet sans rapport avec un quelconque progrès dans l’éducation.

De qui se moquent en effet ceux qui osent prétendre sans vergogne qu’on est mieux formé en trois ans qu’en quatre ?

Sinon quel sens auraient tous les combats menés dans le monde pour reculer l’age de sortie du système éducatif initial ?

La réalité est nettement plus triviale

Il s’agit tout simplement d’étendre le champ éducatif offert à l’apprentissage ,moyennant ,en contrepartie et en retour, de substantielles économies en postes et en moyens pour les gestionnaires du service public d’éducation.

 

Expérimenter pour disposer du système éducatif, pour le contourner à sa convenance et le démonter pour ses besoins.

La question de l’expérimentation éducative et des parcours individualisés ou diversifiés a fourni le couronnement de l’édifice pour les offensives contre l’enseignement professionnel et pour favoriser son externalisation vers l’apprentissage .

Initiée au détour des années 1980 par SAVARY, au travers des 4° expérimentales dont la confusion éducative est entrée dans l’histoire, l’expérimentation éducative au nom du projet, a trouvé en 1989 place dans la loi d’orientation pour l’école .

Elle s’est construite une première base fonctionnelle et juridique en 1993 dans l’article 54 de la loi quinquennale, lequel amendait la loi sur l’école pour y introduire l’article 7BIS :

«Tout jeune doit se voir offrir, avant sa sortie du système éducatif et quel que soit le niveau d' enseignement qu'il a atteint, une formation professionnelle. Celle-ci est dispensée soit dans le cadre des formations conduisant à un diplôme d' enseignement professionnel, soit dans le cadre des formations professionnelles d'insertion organisées après l'obtention des diplômes d'enseignement général ou technologique, soit dans le cadre de formations spécifiques inscrites dans les plans régionaux de formation professionnelle. Les formations sont mises en place en concertation avec les entreprises et les professions."

- F Bayrou s’est empressé début 1994 de la compléter dans plusieurs articles du nouveau projet pour l’école :

L’article 72 stipulait ainsi que « chaque jeune a le droit de bénéficier d’une formation qualifiante avant sa sortie du système scolaire. Sont mis à l’étude et expérimentés des cursus adaptés aux jeunes qui n’auront pas terminé avec succès leur scolarité".

L’article 78 précisait que « dans le cadre de la préparation d’un diplôme professionnel ,le passage dans les deux sens est favorisé entre les dispositifs sous statut scolaire et les dispositifs sous contrat de travail ".

L’article 75suggérait « une multiplication des passerelles entre les formations professionnelles et les formations technologiques pour faciliter le passage du BEP vers les baccalauréats ».

On vit ainsi hier fleurir des systèmes dérogatoires BEP OU BACS PRO en un AN en 1an , BEP 1 suivi d’un Bac Pro en deux ans, formations en deux ans partagées dans le temps entre formation sous statut scolaire et apprentissage….

Au bon vouloir des établissements, des régions, des inspections de discipline, des rectorats ,des directives nationales de l’inspection générale, des circulaires de rentrées des différents ministres .des commissions professionnelles consultatives…

Avec ou sans consultation des conseils d’administration, le plus souvent sans aucun bilan réel au delà du chant d’éloge de leurs partisans, voire même de leurs seuls acteurs éducatifs !

Du coté de l’apprentissage  le passage par l’expérimentation a permis par contre à l’apprentissage d’ouvrir des brèches très significatives et de bâtir pour la durée !

*C’est ainsi que les lobbies de l’apprentissage ont grâce à leurs appuis su faire reconnaître la validation des années d’apprentissage de CAP comme années d’expériences professionnelles.

Cette disposition leur a permis de placer pour le seul apprentissage le Brevet Professionnel dans la foulée du CAP, d’en chasser le service public de formation professionnelle initial en élargissant le champ du monopole de l’apprentissage, et de construire une filière spécifique de formation initiale de niveau IV en regard du cheminement BEP-BAC PRO des LP.

L’expérience stabilisée,il leur a suffi ensuite d’en assurer la pérennisation par une légalisation discrète .

 

*D’opportunes modifications légales de la durée des contrats d’apprentissage ont permis à ce dernier de moduler la durée de ses préparations au CAP.

Il a ainsi pu récupérer en formation de nombreux jeunes, dégoûtés du système éducatif par une orientation quasi forcée en seconde, dans une logique et selon des règles qui visaient à tenter d’orienter vers le bac le plus grand nombre d’élèves possibles.

Même ceux qui n’avaient manifestement pas les capacités ou les motivations d’un parcours de TROIS ANS vers le bac, quitte à se satisfaire intellectuellement de les renvoyer vers le LP en cas d’échec consommé !

Force est de constater que la préparation des bacs pro en trois ans sans exigence préalable de BEP va simplifier l’opportune réorientation vers le Bac Pro en cours d’études des élèves en échec dans les filières socialement plus nobles du lycée.

 

*La préparation du BEP, pour des raisons idéologiques patronales, n’était pas assurée dans les CFA. Cette situation faisait donc entrave au développement en apprentissage des Bacs PRO ,bien utiles pour redorer des blasons.

Qu’a cela ne tienne, il suffisait de s' autoriser, au nom de l' expérimentation des Bacs pro, sans exigence de BEP !

C’est ainsi qu’est né en 2001 l’accord entre De CALAN, responsable de la formation à l’UIMM, et le directeur des lycées de l’époque, grand combattant des BTS mais beaucoup moins des Bacs Pros et de l’enseignement professionnel.

La monnaie d’échange n’est pas publique.Elle aurait dit-on porté sur un accord de l’UIMM pour de sombres et peu transparentes questions liées aux BTS.

 

Nous voici donc rendus aujourd’hui à une tentative de généralisation hautement politique d’un dispositif expérimental

Si elle est menée à terme, elle permettra de livrer à l’apprentissage les seules formations du service public qui lui échappaient encore et de détruire celle pour lequel il n’a pas d’intérêt(BEP).

Le bac pro en trois ans, préparé à la fois par les LP et l’apprentissage, permettra d’imposer la collaboration des deux systèmes de formation, y compris dans le temps sur la même formation, et de basculer à terme en section d’apprentissage d’établissement scolaire les formations encore sous statut scolaire .

Comment ces formations sous statut scolaires pourraient-elles en effet résister simultanément à la volonté politique et idéologique de créer dans les LP des sections d’apprentissage et à la concurrence d’un apprentissage directement patronal qui disposera de la possibilité d’organiser en CFA deux filières distinctes d’accès au niveau IV, rémunérées et validées pour l’ancienneté professionnelle et la retraite

*le CAP immédiatement suivi du BP en quatre années notamment en direction de l’artisanat et des PME ,.

*le Bac PRO en trois ans pour la grande industrie et les formations sur des technologies avancées ?

C’est aux personnels de LP et à l’ensemble des enseignants qu’il appartient désormais de faire connaître leur point de vue.

L’action nécessaire de résistance avait été engagée en 2001 .

*On assure que les Bacs Pro, hors apprentissage, draineront de meilleurs élèves !

Lesquels ?Ceux la mêmes que l’on orientait précédemment en BEP ?

Il faudrait-en outre être sérieusement naïf pour croire qu’on va orienter vers les Bac Pro 3ans les élèves qu’on envoyait en seconde générale ou technologique,et ce avant même qu’ils rencontrent  l' échec dans ces voies !

Qui peut donner crédit à de tels messages?

*D’aucuns pensent que la modification du Bac Pro leur ouvrira plus grandes les portes d’une affectation en BTS et l’accès à un service à horaires pondérés.

C’est singulièrement méconnaître les règles de gestion de l’Education nationale !

On ne peut en effet affecter de plein statut(titulaire du poste)en BTS ,et avec l'accord de l'inspection générale,que des personnels qui ont dans leur statut une clause leur donnant vocation à enseigner dans ce type de classe.

Tel n’est pas le cas des PLP .

Les demandes réitérées adressées aux pouvoirs publics , direction des lycées et cabinet du ministre, pour inscrire un telle clause ont été jusqu’en 2004 poliment éludées.

S’il y avait eu une révolution de palais depuis, les carnets de bans en porteraient la trace  et les propos du Ministre en feraient écho

Il est vrai que la liste d’attente des certifiés est suffisamment longue pour que l’on ait nul besoin d’aller piocher dans le corps des PLP !

Mais comme bouches trous temporaires, sans horaire coefficienté,…on peut toujours faire rêver !

Il n’y aura dans la transformation des BACS PRO, aucune amélioration de la formation des élèves, aucun grain à moudre pour les enseignants et que des coups à prendre pour tous: les jeunes, les maîtres, la qualification professionnelle et l’enseignement professionnel initial public.

*J’entends aussi , et on m’en fait écho, des propos de syndicalistes capitulards dans le style :

« A choisir entre mourir aujourd’hui ou demain, je préfère demain »

Au delà de cette ambition, d’une soumission inégalée pour le syndicalisme, il s’agit en outre à l’évidence d’un contresens absolu d’analyse .

C’est, bien au contraire, l’acceptation des personnels, sans précédent historique dans l’enseignement professionnel, qui déroulerait le tapis au démantèlement recherché de l’enseignement professionnel public et en accélérerait la disparition .

Les collègues veulent-ils scier la branche sur laquelle ils sont assis ?

Les enseignements de notre histoire, rappelés brièvement et modestement ci –dessus, montrent en effet que c’est la résistance contre une offensive permanente engagée depuis 20 ans contre l’enseignement professionnel qui a permis d’assurer sa survie et la reconnaissance matérielle et morale de ses enseignants

Et ,peut-on l’oublier, de construire des lettres de noblesse pour les jeunes qui nous sont confiés !

N’est ce pas cela notre mission d’éducateur

 

BERNARD PABOT

ANCIEN SECRETAIRE GENERAL DU SNETAA