samedi 19 janvier 2008

Les bacs pro en trois ans, ou comment gé(né)rer la pénurie

source;Un Nouveau Guide pour les Enseignants Documentalistes

http://4tous.net/nged/spip.php?article459

L’enseignement professionnel en cours de mutation discrète

mardi, 2 octobre 2007

/ André Montagne

Depuis cinq ans environ, les LP ont la possibilité d’offrir un nouveau cursus vers les bac bro. La structure normale de la formation est celle-ci : après la troisième, l’élève prépare un BEP en deux ans, puis un bac pro en deux autres années. Or des mesures dérogatoires sont maintenant autorisées pour amener l’élève de troisième au bac pro en trois années seulement. Le souci est que les enseignements sont censés rester les mêmes qu’en quatre années, mais avec 25% de réduction du temps de travail, et par là même 25 % des moyens récupérés par l’administration. À la rentrée, le chiffre officiel faisait état d’une augmentation de 66 % des moyens mis dans l’enseignement professionnel depuis vingt ans, sans augmentation aussi significative du nombre de diplômés. Bref, la logique comptable frappait de nouveau.

Cette logique du bac pro en trois ans est concomitante à celle de la labellisation "lycée de métiers", déclarée voie d’excellence, et permettant aux heureux établissements lauréats d’obtenir plus de moyens. Mais pour devenir "lycée des métiers", il faut passer sous les fourches caudines du bac pro nouvelle mouture, et donc, à la clé, abandonner les formations aux BEP. C’est ainsi que la comptabilité publique résout ses déficits en réduisant ses coûts. Il s’agit donc d’une pure logique comptable contre une logique de formation, et donc deux exigences qui ne peuvent s’accorder spontanément. La voie en trois ans, pour l’instant dérogatoire, semble promise à un bel avenir, et il est à parier qu’elle deviendra la norme.

Cette norme est une tendance liée à un autre phénomène très inquiétant : la privatisation des formations aux CAP. De plus en plus de ces formations sont sorties de l’enseignement public pour être confiées à des CFA privés, privés surtout des moyens de mettre en oeuvre des formations dignes de ce nom.

Les CAP privatisés, les BEP éliminés, ont comprend donc que la logique comptable sera celle qui primera sur la logique humaine. Nous savons désormais vers quoi nous tendons. L’enseignement général n’a qu’à bien se tenir...

André Montagne