jeudi 4 octobre 2007

Pourquoi tant de silence ?

Du 08 avril au 04 octobre, les pages de ce blog seront restées vierges de tout encre nouvelle, mais on se doute que la pensée n'est pas restée sans se soucier du bien commun de l'avenir de notre syndicat. Le temps d’un été aura fait d’un silence de choix un silence de prudence, si ce n’est un devoir de droit, forgé lui-même à l'aune d'une pratique volontariste d'un syndicalisme de Raison et de travail. Il fallait, à l’orée d’un Congrès national éphémère et triennal du SNETAA, laisser éclore le débat préparatoire au Congrès. Il fallait, pour construire un tel temps fort, l’espace interne de discrétion nécessaire à la force et la pertinence d’un débat à la base, au sein des congrès académiques et dans le quotidien de la vie syndicale en elle-même. Mais qu'en a-t-il été dans les faits, au bout du compte ? Qu'en a-t-il été, au démarrage comme à l'arrivée, d'un Congrès qui n'aura été, somme toute, que l'ombre des Congrès d'un SNETAA ordinairement vivants et retentissants de ces débats contradictoires qui ont fait sa force et construit sa pérennité ? Le constat d’une machine formelle organisée pour tourner à vide sur ses acquis passés. Nul ne saurait évidemment s’en réjouir. Le pourrait-on en tant que syndicaliste militant ? Pourtant il faut bien se rendre à l’évidence de l'absence de portée du bilan de la dernière mandature si ce n’est celle de ses dérapages, fussent -ils internes. Ne serait-ce qu'en raison du fait que l'actuelle direction syndicale a, pour asseoir sa vérité syndicale, privé nombres de congrès académiques de leurs outils statutaires de travail, en l'occurrence des rapports moraux et financiers écrits et publiés. Il en a été de même pour les canevas de réflexion habituellement chargés de favoriser à la base du syndicat, hors appareil national, la créativité syndicale et l’échange entre adhérents . Mais n’y avait-il pas là un objectif de fait ? Ne serait ce aussi que parce que cette direction s’est aussi, _et de quelle manière ! _ engagée pour l’exemple, dans une attaque forte et délibérée contre la liberté d’expression dans le syndicat et dans sa propre majorité ; Un courant syndical qu'elle voudrait aujourd'hui peu enclin, à débattre de son unicité, de ses outils de pouvoir et de sa vérité dans le Syndicat. En démocratie chacun en perçoit bien la raison ; Pour exercer un pouvoir avec un minimum de partage mieux vaut en effet pour un responsable un syndicat reposant sur le scrutin de liste, sur la force, le filtre et le corset d’une tendance unique dénuée de règles qui le met à l’abri des aléas démocratiques, qu ‘un syndicat sans tendances ou tout édile est élu au scrutin uninominal et rend compte individuellement de son action. Mandaté le 24 mars, en toute régularité statutaire par le congrès académique de LYON, pour être l’un de ses délégués au Congrès national, j’ai subi, le 24 avril, l’infamie de recevoir, sans autre forme d’argumentaire, une décision de l'actuel Secrétaire général du SNETAA, m'intimant l'interdiction de « toute délégation en quoi que ce soit dans aucune instance » de notre Syndicat ! Rien de moins pour m’interdire de participer au Congrès national ! En clair, il s'agissait ni plus ni moins que d'empêcher l’ancien Secrétaire général de témoigner au Congrès, et d'y faire acte d’une pensée publique en tribune et devant les militants de l'organisation. Honni soit qui mal y voit ici la marque et la volonté larvée d’une quelconque censure ! Le juge de référé quant à lui en a mesuré la portée. Son ordonnance rendue publique le 16 mai, après une audience tenue le14 mai 2007, déclare en effet : « Attendu que monsieur Bernard PABOT soutient à juste titre qu’en l’écartant d’une inscription au congrès au motif que ses opinions ne sont pas appréciées par les dirigeants, sui generis, du courant AUTREMENT, le bureau national a méconnu les statuts, Qu’il en résulte une violation des règles garantissant le caractère démocratique de la vie syndicale et un trouble manifestement illicite, Qu’il sera fait droit à la demande de mesure ... » « ordonnons au SNETAA et à ses instances dirigeantes d’admettre Monsieur Bernard PABOT à ce congrès en lui laissant conformément aux règles d’organisation des débats la possibilité de s ‘exprimer et de participer à tout vote » Des conclusions limpides au regard du droit républicain, censément le même pour tous dés lors qu’on est respectueux des principes démocratiques de la République. Or pour ne pas avoir à se soumettre, à quelques jours du Congrès national, à un tel rappel judiciaire au respect « des règles garantissant le caractère démocratique de la vie syndicale », l'actuelle direction syndicale du SNETAA s’est alors engagée dans une double surenchère : - Traduire Bernard PABOT en commission des conflits pour tenter de refuser la décision du juge. - Refuser toute application de la décision de justice. La suite participe alors de l'emballement d'une surenchère jusqu'ici étrangère à tout historique syndical connu sous nos latitudes démocratiques . Chacun peut en juger ! En m’excluant définitivement du SNETAA, le 26 juin, et sans qu’il en soit fait état depuis dans l’Organisation, exception faite d’un conclave restreint de dirigeants de la garde rapprochée, l'actuel Secrétaire général du SNETAA aura gagné un titre qu’il pense sans doute être héroïque et de gloire, mais qui ne l’est que pour lui-même: - Celui d’être en France et dans l'histoire syndicale de notre Nation, le premier Secrétaire général à avoir exclu définitivement son prédécesseur de son syndicat ! Son prédécesseur, c'est-à-dire celui-la même qui l’avait sollicité pour être candidat au poste de Secrétaire général du SNETAA ! Gardez -moi de mes amis, quant à mes ennemis, je m’en charge !(voltaire) On en est là. Après 40 ans de militantisme, dix huit ans de responsabilité nationale, et douze années de secrétariat général, le précédent secrétaire général ,retraité, serait en moins d’une mandature devenu nuisible au syndicat ! A partir de là, le SNETAA est du même coup (les adhérents s‘en dispenseraient sans aucun doute), invité à assumer (et donc à porter le chapeau) d’une avalanche de chefs d’accusations, laborieusement construits et énumérés sur six pages à partir de bribes d’écrits du présent blog personnel ! Il s'agit là d'une cavalcade de chefs d'accusation qui témoignent très probablement d’une volonté forte de restreindre, voire de brider ouvertement la liberté d’opinion syndicale au sein de notre Organisation, ce qui serait le comble absolu pour une organisation syndicale à part entière. Dans cet inventaire (digne de Prévert, fors le talent) des reproches formulés contre les écrits du présent blog, il est ainsi fait mention, par exemple, des griefs suivants : - « état public de désaccord avec le secrétaire général » - « mise en œuvre progressive d’une tentative de disqualification du secrétariat national » - «appel à virer la direction » - « on passe à un président et à son cabinet »… Certes, d’aucuns peuvent considérer les propos du blog comme sans concession, et pourtant tel n’est pas leur objet. Ils visent simplement, sans ambition et au service de personne à rappeler, de façon constante, qu’un adhérent qui s’acquitte d’une cotisation a des droits en retour pour en évaluer le sens, l’utilité et l‘usage qu'il en est fait. Le blog en a porté témoignage de façon argumentée, sans que l'actuelle direction syndicale du SNETAA n’ait jamais jugé utile de répondre aux questions de fonds qu’il soulevait dans le respect des personnes, des statuts et des lois. Il en a toujours fait état dans le cadre d’un débat syndical, parfois vif dans notre pays, et dont la justice a historiquement et de façon constante, considéré qu’il participait favorablement des échanges nécessaires à la démocratie. A titre d'exemple, il m'est ainsi reproché (acte d’accusation page 6) d’avoir écrit dans les colonnes d'un blog qui, rappelons-le, m’est strictement personnel : « Il n’y a en effet rien de pire à mon sens pour le devenir d’une organisation syndicale que l’autosatisfaction et l’absence d’autocritique, à fortiori lorsque les échelons du pouvoir ne sont pas contraints à se mesurer à la compétition des idées ni à celle des militants" Mais mon exclusion n’est-elle pas le meilleur témoignage de la pertinence de cet écrit ? Elle n’a en fait d’autre motif profond que celui de limiter l’espace de la liberté d'expression syndicale que le présent blog avait ouvert à défaut d’un vrai débat pluraliste et démocratique, interne à la tendance et contradictoire dans le Syndicat. Il nous faut cependant, dans ce résumé-témoignage d’un dérapage syndical, en rester aux généralités. Le SNETAA a en effet fait appel du premier jugement. Un juge de référé s‘est en outre déclaré incompétent pour examiner en urgence d’une part le refus du SNETAA d’appliquer l’ordonnance d’autre part une décision d’exclusion, à mon sens incontestablement liée à la tenue d’un Congrès et à la recherche par la direction syndicale d’une justification au refus d’appliquer une ordonnance de justice. Il esten outre pour moi hors de question de jeter ma gourme syndicale pour le compte d’autrui et de me ranger derrière une décision inique d’exclusion dont les motifs sont sans rapport avec ce que j’ai eu à connaître du syndicalisme, de ses valeurs et de ses missions. "Mais à force d’être juste, on est souvent coupable", écrivait en son temps Pierre Corneille. L’ensemble de l’affaire reste bien évidemment soumis à l’appréciation de la justice de notre pays. La parfaite valeur est de faire sans témoin ce qu’on serait capable de faire devant tout le monde (La Rochefoucault) Agamemnon