lundi 8 octobre 2007

Le syndicalisme d’adhérent est-il en berne ?

Dans une étude conduite en liaison avec la DARES(direction de l’animation de la recherche des études et des statistiques, organisme sous tutelle du ministère de l’emploi et de la cohésion sociale), à paraître sous le titre « les syndiqués en France de 1990-2006 », Dominique LABBE et Dominique ANDOLFATTO viennent de jeter un pavé dans la mare du syndicalisme affiché et auto-complaisant. Après avoir croisé les données communiquées par les fédérations et les résultats aux élections des comités d’entreprise par branche d’activité, ces deux chercheurs annoncent que le taux de syndicalisation en France serait de 7,2%, très loin des taux de 12 à14% parfois proclamés dans les milieux syndicaux. Le nombre de syndiqués ne dépasserait pas en France le total de 1700000 personnes; On savait déjà les dirigeants syndicaux peu enclins à révéler à leurs adhérents, voire même à leurs élus, et à fortiori à l’opinion publique, le nombre des adhérents de leur organisation . On savait que l’absence de transparence sur une telle question est de règle dans la lutte d’intoxication médiatique qui se joue entre syndicats devant les salariés, les politiques et les Français. Mais les censeurs qui s’en offusquent dans le monde politique sont-ils les mieux placés pour faire des leçons aux autres interlocuteurs sociaux ? Les chiffres des partis politiques sont –ils plus transparents ? Leur taux de représentation dans la population sont-ils plus élevés ? Les coutumes de marketing de cartes à quelques mois d’une élection républicaine ou interne à un parti sont-elles plus dignes que les petites manipulations de calcul sur les timbres syndicaux. ? Mais on peut aller au-delà ! Pourquoi les partis politiques, et les syndicats à une moindre échelle, demandent-ils dans une même logique d’approche à l ‘Etat une considération et des aides calculées sur leurs résultats électoraux et pas sur le nombre de leurs adhérents, à fortiori régionalisés ? POURQUOI le syndicalisme, comme la politique quittent –ils à grandes enjambées le terrain qui fut naguère le leur de l’adhésion concrétisée par la qualité de membre des « salariés » ou des « citoyens » au profit de celui de la représentation supposée et sans contrôle réel de mandat des « personnels » ou des « électeurs ». ? Autant de questions dont le débat remettrait sans doute en cause bien des représentations et prébendes sociales et politiques, collectives ou individuelles ; Mais pour le syndicalisme l’heure n’est naturellement pas à un tel examen dans une période ou l’offensive contre les acquis sociaux n’a jamais été aussi forte et autant orchestrée ; De la limitation du droit de grève à la démolition des régimes spéciaux, de l’amputation de la protection sociale à celle des retraites, de l’offensive contre le statut des fonctionnaires à celle attendue de la commission POCHARD contre les enseignants, des manipulations sur les concepts de salaires et de pouvoir d’achat, à celles sur le mérite et la précarisation encensée et orchestrée des salariés. Il y faudrait pour les prochains mois des actions de masse des salariés avec un rôle moteur Il y faudrait une réponse forte et unitaire, dont les éléments porteurs ne se dessinent à ma connaissance pas encore pour le 18 octobre. IL y faudrait une action fore de mobilisation des salariés avec un role moteur dévolu aux syndiqués . Si tout est possible, il reste néanmoins que les chiffres des adhérents syndicaux annoncés dans l’étude mentionnée sont préoccupants pour l’état des forces syndicales. Ils sont désormais connus des pouvoirs publics. La CGT compterait ainsi 523800 adhérents contre 720000 annoncés ; La CFDT 447100au lieu de 803000 FO 311350 et non pas 800000proclamés La CFTC 106000 pour 414000 affichés LA CFE/CGC 82000….. 140000 disait-elle L’UNSA 135000. ….elle en décompte 360000 Sud avec 80000 flirterait avec sa propre vérité/ 90000 Les leaders syndicaux ont bien sûr protestés ; Il est vrai qu’ils ne sont redevables à personne des effectifs syndicaux affichés ou réels de leur organisation Pour autant le constat reste inquiétant. Faute d’un nombre suffisant d’adhérent, le syndicalisme se verra t’il inéluctablement enfermé dans les prochains mois dans la protestation honorable mais inefficiente ou dans la négociation de principe avec pour adage « sans nous cela aurait pu être pire » Au risque de sombrer dans le syndicalisme d’accompagnement ou co-gestionnaire ou bien dans celui de négociation des marges sans réelle prise sociale? POUR ICONOLASTE QUE SOIT UNE TELLE REFLEXION, ELLE N’EN EST PAS MOINS REELLE,VOIRE PERTINENTE. Le syndicalise veut-il échapper à un tel glissement ? La réponse appartient à ses dirigeants . Veulent-ils en effet vraiment relancer le syndicalisme d’adhérents et se tourner mieux qu’aujourd’hui vers eux et vers les salariés ? AGAMEMNON