dimanche 18 mai 2008

Relevé de conclusion sur le BAC PRO:Ce qu'ils en disent.....

BAC PRO en 3 ans : le SNALC refuse de signer

                                                                                                        Paris, le 30 avril 2008
DECLARATION LIMINAIRE
En dépit des réserves qu’il éprouvait face au projet initial, le SNALC-CSEN a souhaité participer au protocole de discussion, estimant qu’il était de son devoir, en tant qu’organisation syndicale responsable, de s’impliquer dans le cadre de la négociation plutôt que de préconiser un affrontement sur la base d’un refus pur et simple.
Cependant, au terme du processus de discussion engagé par l’administration - processus qui s’est toujours déroulé dans une atmosphère de cordialité -, le SNALC a le regret d’annoncer qu’il n’approuve pas, et donc ne signera pas, le relevé de conclusions dont la version définitive a été connue ce matin. Ce texte étant appelé à devenir une référence dans l’élaboration des textes réglementaires pour la voie professionnelle, le SNALC-CSEN ne saurait y souscrire, compte tenu des risques qu’il fait courir aux élèves, aux professeurs et à l’ensemble de l’institution scolaire.
Les propositions, en effet, se sont focalisées sur le bac professionnel en trois ans et sur les remédiations afférentes, sans véritablement envisager les conséquences globales du dispositif. Cette préoccupation unique exclut, en effet, toute diversification des parcours prenant en compte les besoins réels des élèves. En particulier, le dispositif ne s’inscrit jamais dans le cadre d’une volonté véritable (autre qu’affichée), de faire de la voie professionnelle une voie d’excellence. Si tel avait été le cas, le SNALC-CSEN ne se serait pas vu opposer un refus systématique d’admettre des élèves de quatrième et de troisième au sein du lycée professionnel, afin d’y suivre l’enseignement du socle fondamental. Une fois de plus, une réforme du système éducatif qui aurait dû améliorer les chances d’élèves issus de milieux sociaux défavorisés, se voit sacrifiée au profit de considérations de pure idéologie.
Pour répondre à la préoccupation purement statisticienne, économique et démagogique de supprimer les redoublements, le dispositif préconise un véritable empilage de mesures pédagogistes, dont toutes les expériences antérieures ont démontré l’inutilité, l’inanité et l’inefficacité. Outre leur caractère éminemment coûteux, ces dispositions ne manqueront pas d’induire une dénaturation de la mission des professeurs ainsi qu’une aggravation importante de leurs conditions de travail. On voit se dessiner ici, par le biais de la voie professionnelle, les premières applications des conclusions du rapport POCHARD, instituant une première étape vers l’instauration du futur « flexi-prof ».
Le SNALC-CSEN estime que la frontière entre l’enseignement technologique et professionnel se verra mise à mal par l’ensemble de ce nouveau projet, premier pas vers le démantèlement de la voie technologique, exception française jusqu’à ce jour reconnue.
Cette étape vers le lycée unique conforte la volonté politique de suppression des postes, tout en s’inscrivant dans le droit fil des réformes antérieures issues de la loi Jospin de 1989. En lieu et place d’un changement radical de politique éducative, il est certain que de tels choix sont de nature à provoquer une crise sans précédent au sein du système d’éducation. A la veille de la fête du travail et du muguet, le SNALC-CSEN est, aujourd’hui, plus enclin à se réjouir de l’avènement du printemps météorologique, que de la poursuite des « froides ténèbres » dont l’Education Nationale ne semble pas prête à sortir.

UNSEN-CGT

Analyse du relevé de conclusions suite au protocole de discussion

Suite au protocole de discussion du 18 décembre 2007 que l’UNSEN s’est refusé de signer, un relevé de conclusions vient d’être transmis. Pour l’instant aucune organisation n’a signé.

Ce texte servirait de référence au moment de la rédaction de la réglementation qui « instituera la voie professionnelle rénovée » à compter de l’année scolaire 2009-2010.

Il y est fait, pour commencer, références à quelques éléments statistiques : 32 % des jeunes non diplômés sont au chômage, ils sont 17% lorsqu’ils sont titulaires d’un cap OU d’un BEP, et 13% lorsqu’ils sont bacheliers professionnels. Le taux d’emploi est à l’identique, plus le diplôme est élevé et mieux on s’insère dans l’emploi. Une appréciation spécifique est portée sur les formations du secteur tertiaire, particulièrement sensibles à cette réalité.

L’enjeu de la rénovation consiste donc à hausser le niveau général de formation en développant le bac professionnel en 3 ans et à donner la possibilité d’obtenir un diplôme de niveau V à tous les élèves.

La réforme (plutôt l’appeler par son nom), se veut en cohérence avec les objectifs de Lisbonne « Education et formation 2010 » :

v diminuer le taux de jeunes quittant prématurément l’école (ils sont 17 % actuellement, l’objectif est de baisser le taux à 10 %),

v augmenter le taux de réussite dans l’enseignement supérieur, et pour cela amener un maximum de jeunes au niveau bac. La voie professionnelle doit jouer un rôle important, 100% au niveau V et 80 % au niveau IV.

Suit l’affichage d’un certain nombre d’objectifs et de mise en œuvre :

Lutter contre les sorties sans diplôme

En développant des démarches et des organisations permettant de lutter contre le décrochage scolaire. Pas trop de précisions à ce sujet mais une attention particulière est portée aux élèves de 3ème de SEGPA et aux liens SEGPA/EREA/LP.

Augmenter le nombre de bacheliers

En agissant sur leur motivation. Pour le ministère, il semble que la perspective directe du bac professionnel en 3 ans soit, en elle-même, un critère décisif de motivation…

Le texte insiste sur la possibilité du parcours en 4 ans sans vraiment préciser, le redoublement fera sans doute, le plus souvent, office de 4e année.

Les BEP actuels disparaissent

Le travail confié aux Commissions Professionnelles Consultatives est rappelé à savoir la redéfinition des secondes professionnelles par champs professionnels ou par filières. Les CPC travaillent sur 17 champs et 13 filières (35 aujourd’hui).

Les BEP actuels vont totalement disparaître, on peut donc sérieusement s’interroger sur la nature du diplôme de niveau V qui sera validé dans le cursus en 3 ans. Le document indique que ce sera un diplôme de niveau V (sans préciser BEP ou CAP) qui devra être reconnu par les professionnels et défini nationalement. L’évaluation pourra être mixte CCF et ponctuelle. Le conditionnel est de rigueur dans le texte. L’improvisation est totale.

Diversité des parcours

Le document insiste sur la diversité des parcours possibles avec des passerelles tout azimut. De la voie générale ou technologique à la 2nd professionnelle par exemple. La possibilité d’intégrer une 2ème année de CAP après une 2nd professionnelle avec le retour en 1ère bac pro à l’issue du CAP est un autre parcours (théorique) proposé.

Le texte préconise des modalités pédagogiques adaptées en énonçant des organisations qui existent déjà : travail en groupe et PPCP et des modalités de prise en compte du rythme des élèves (dispositifs de soutien, aide individualisé, module de remédiation, tutorat…)

Le texte signale que les modules seront intégrés dans le temps scolaire.

Le temps scolaire

De ce point de vue, il est proposé de laisser la mise en place de ces dispositifs d’aide ou de soutien à l’initiative des équipes pédagogiques. Ces dispositifs souples pouvant être de durées variables tout au long du parcours de l’élève. Il est indiqué qu’ils seront inscrits dans les grilles horaires.

L’offre de formation

Une offre de formation de niveau V doit être garantie au moins dans chaque bassin de formation, qui plus est dans le champ professionnel correspondant aux secondes professionnelles proposées.

Enseignement supérieur

Le document indique par ailleurs la nécessité d’augmenter le nombre de titulaires du bac professionnel dans l’enseignement supérieur, essentiellement en BTS, en préconisant des modalités pédagogiques permettant d’améliorer la réussite des élèves.

Personnel

Le volet personnel est assez court. Il se résume à l’affirmation d’un effort particulier sur leur formation et leur condition d’exercice sans plus de précision. En dernier lieu, il est indiqué qu’il devra être reconnu expressément aux PLP, la possibilité d’exercer en BTS.

Conclusion

Ce texte doit servir de base au dispositif réglementaire de la réforme. Le relevé de conclusion ne révèle rien de nouveau et ne fait que de confirmer ce qui se met en place depuis des mois, c'est-à-dire la généralisation des bacs pro 3 ans. Il confirme la restructuration des diplômes professionnels et la disparition des BEP actuels.

Du point de vue de l’organisation des études il fait référence à des dispositifs et des possibilités qui existent déjà (module, travail en groupe, tutorat…), sans toutefois s’avancer concrètement sur ce qui sera possible de faire. Ce n’est qu’à l’aune des moyens mis en œuvre que nous pourrions porter un jugement positif sur le dispositif proposé.

Or, rien n’est dit sur les moyens nécessaires à la mise en place de ces dispositifs. Au regard de la politique d’emplois dans la Fonction publique, on ne peut qu’être sceptique sur leur mise en œuvre.

L’UNSEN revendique le maintien des parcours en 4 ans ce qui implique le maintien des BEP existants qui ont été tous rénovés. La stratégie du bulldozer utilisée par Xavier Darcos peut s’avérer destructrice. C’est pourquoi, l’UNSEN CGT et sa confédération ont demandé un moratoire de 3 ans. Moratoire qui serait suivi d’une évaluation menée conjointement avec les personnels et leurs organisations syndicales, les Régions -qui ont aujourd’hui des compétences partagées avec l’Etat dans la définition des Plans Régionaux de Développement des Formations Professionnelles- et l’Education nationale.

Le temps de travail des personnels et son organisation dans l’année est à nouveau un enjeu revendicatif. Le relevé de discussion indique la possibilité d’une part d’autonomie des équipes éducatives. Cela peut constituer une avancée, reste à savoir sur quoi portera cette autonomie, sur quelle amplitude du temps de travail, avec des heures supplémentaires ou non… ?

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